Ciné Club Sandwich — Mishima, une vie en quatre chapitres

Mishima, une vie en quatre chapitres (Paul Schrader, 1985)

 

Notation :

Beau mais chiant : ++
Musculation, ouais ouais : ++++
Homosexualité moyennement assumée : +++
Finalement, l’épée est peut-être plus forte que la plume : +++

 

Qu’est-ce que ça raconte ?

Mishima : une vie en quatre chapitres nous propose d’entrer dans le cerveau de Yukio Mishima. Et c’est quand même un sacré bordel à l’intérieur. Pour ceux qui ne sont pas familier avec le personnage, Mishima est un célèbre écrivain japonais qui a publié un tas de romans, de nouvelles, d’essais, de pièces de théâtre, de poèmes et de tweets entre 1940 et 1970. Et contrairement aux scénaristes de Game of Thrones, il sait comment bien conclure une histoire. Pour preuve, il va décider de terminer la sienne sur un beau coup d’éclat, comme Zizou. Le film nous fait revivre son ultime journée sur Terre, lors de laquelle il commettra une prise d’otage et une tentative de coup d’état avortée faute de mégaphone, avant de se faire seppuku. Ce qui est une façon comme une autre de gérer les petites vexations de la vie.

 

Moi après avoir vu les chiffres de ventes de Ciné Club Sandwich.

 

Comme le titre du film l’indique, le film ne revient pas que sur cet évènement, mais nous fait voyager dans différents aspects de la vie et de l’oeuvre de Mishima, flashbacks de son enfance et mises en scène de certains passages de ses romans à la clef. On y découvre un personnage bien complexe, viriliste et amateur d’arts martiaux mais un peu pédé, révolutionnaire mais gros réac, écrivain sensible mais chef d’une milice d’extrême droite. Typiquement le genre de personnage qui, en 2020, aurait une chaîne Youtube de musculation et des tas de fans bizarres sur le forum de jeuxvideo.com.

 

Les points forts :

  • Le film est réalisé par Paul Schrader, surtout connu du grand public pour son travail de scénariste, notamment sur Taxi Driver (que Martin Scorsese considère d’ailleurs plus comme un film de Shrader qu’un film à lui). Sa carrière de réalisateur compte pourtant pas mal de pépites, mais parfois un peu arides au premier abord. Ici, c’est un peu pareil, mais il y au moins un point positif : le film est super beau. Il le doit notamment au directeur photo John Bailey et à la contribution de l’artiste japonaise Eiko Ishioka sur les décors (Ishioka a également bossé sur les superbes costumes du Dracula de Coppola quelques années plus tard).

Bon par contre, le peignoir de Ric Flair au petit déj, était-ce bien nécessaire ?

 

  • Si les biopics très académiques du style « les débuts – la gloire – la chute » vous cassent les couilles, vous trouverez ici une forme très originale, qui part un peu dans tous le sens et qui permet de faire le tour de toutes les obsessions du personnage.
  •  La musique de Philip Glass, ça aide pas mal à sublimer des images déjà jolies. Enfin si vous n’avez rien contre les trucs un peu répétitifs.
  • Une fin qui risque de squatter les tops des « fins les plus marquantes au cinéma » pendant longtemps. Je rassure quand même les âmes sensibles, on ne voit pas de tripes.
  • La présence au casting de Keni Sawada, un chanteur célèbre au pays du Soleil levant, parfois surnommé « Le David Bowie japonais ». Personnellement je le connaissais surtout pour cette chanson délicieusement kitsch en français que je suis obligé de vous partager.

Les points faibles :

  • Si l’on ne connaît pas bien les œuvres de Mishima, certaines séquences vous paraitront peut-être absconses. Le contexte historique qui a façonné le personnage (la seconde guerre mondiale puis tout ce que l’issue du conflit a impliqué ensuite pour le Japon) ou ses motivations politiques ne sont pas des aspects qui intéressent beaucoup le réalisateur non plus.
  •  Si vous avez besoin d’aimer un personnage pour suivre un film ce sera peut-être un peu difficile car le gars n’a pas l’air très funky.

Ça sentait quand même le plan de merde dès le départ, son truc.

 

Le saviez-vous :

  • Yukio Mishima était fasciné par les samouraïs et il n’aimait pas beaucoup l’américanisation de la société japonaise. Il n’aurait probablement pas beaucoup aimé un certain film avec Tom Cruise, pour lequel l’auteur de ces lignes entretient une passion semi-honteuse.
  • Francis Ford Coppola et George Lucas sont les producteurs exécutifs de ce film. Quand vous faites un film de 2h à moitié en noir et blanc sur un écrivain japonais controversé, c’est toujours mieux d’avoir des amis riches et puissants derrière vous.
  • Le film a reçu le « Prix de la contribution artistique » au festival de Cannes 1985. Quant à savoir ce que ça veut dire et ce que c’est sensé récompenser, c’est un mystère qui ne sera jamais résolu, ce prix n’existant plus aujourd’hui.
  • Si vous pensez que les gens font de la muscu parce qu’ils sont complexés, ce film ne vous fera pas changer d’avis.
Like si t’as déjà connu ce moment gênant dans les vestiaires après la muscu, LOL.

 

Les conditions idéales pour voir ce film :

Le plus éloigné possible de tout objet tranchant.

 

Ce qu’il faut retenir du film :

Si vous voulez faire un coup d’état et un grand discours à la nation sur le toit d’un bâtiment, pensez à prendre un mégaphone.

 

Moi quand j’ai proposé à la rédaction de l’Arrière Cuisine d’aller voir Cats.

 

Si vous avez aimé, vous aimerez aussi :

  • Une bonne partie des films de Paul Schrader parle de mecs tordus et solitaires qui vont finir par péter un câble. Vous pouvez donc revoir toute sa filmo, en cette période de confinement c’est tout simplement idéal.

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