Citation :
“Wir sind im Jahre 2014 Herr Bramard ! Dürfen wir eine zweite Chance haben ? Danke !”
Notation :
Société du spectacle ++++
Nie wieder [1] —-
Vergangenheitbewältingung[2] —
[1] littéralement : « Plus jamais », mot d’ordre qui a suivi l’après -guerre en Allemagne et qui marque une volonté absolue d’effacer tous les signes du nazisme
[2] mot de 40 lettres intraduisible, cauchemar des élèves en allemand LV2 et exprimant la nécessité pour les Allemands de se confronter à leur passé nazi, afin de ne plus le reproduire sans cependant l’oublier
De quoi ça parle :
Berlin, 2014. Hitler réapparaît dans l’Allemagne actuelle. Pris pour un original ou un comédien effectuant une importante performance, il est rapidement mis en lumière par des médias peu scrupuleux et avides d’audience. Et ça marche ! Pensez donc, un homme qui pointe haut et fort les problèmes de l’Allemagne, qui n’a pas peur de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas ! Autre chose que cette mollassonne de Mutti Merkel !
Une partie du film est tournée par des acteurs, mais beaucoup de scènes sont des caméras cachées réalisées en Allemagne avec des citoyens lambdas.
« J’ai pris de la Chloroquine et je me sens beaucoup mieux donc oui, je soutiens le Dr Raoult. Et puis vous savez, moi, la méthodologie… J’ai toujours privilégié l’expérimentation. »
Les points forts :
- C’est drôle. Comme disait Alain Chabat, les nazis sont (avec le caca) une valeur sûre de l’humour.
- Le faux Führer qui débarque dans les associations néonazies et leur passe un savon monumental, les traitant de ratés, de faibles, indignes de son œuvre, moquant leurs corps de lâches… Tellement drôle de voir ces prétendus représentant de la race supérieure se décomposer.
- Si l’on commence en se disant qu’on va bien rigoler, on finit par bien avoir la trouille. Le film est beaucoup plus profond que ce dont il a l’air.
- Heureusement le faux dictateur ne rencontre pas que de nouveaux adeptes, mais un bon paquet d’Allemands lui disant d’aller se faire voir à Stalingrad. Merci en particulier au punk à chien qui lui fait un doigt.
- Mention spéciale à la parodie de la scène de Der Untergang (La Chute), celle où Hitler engueule ses généraux au fond de son bunker et qui est devenue un véritable meme. La retourner avec d’autres personnages dans un film sur le sujet est une idée géniale.
- L’allemand. Quelle belle langue.
Les points faibles :
- L’allemand. Ça fait peur.
- Clairement l’absence de complexe de certains Allemands à adhérer aux thèses nazies, des jeunes petits cons bras tendus pour le selfie, aux vieux réacs disant que ce n’est pas politiquement correct, mais qu’ils sont bien d’accord, fait clairement flipper.
- La démagogie et le populisme ont de beaux jours devant eux.
« Comment ça l’attaquant star du Bayern est un polonais qui s’appelle Robert Lewandowski ???? »
Le saviez-vous :
- En 1933, le vrai Hitler, pourtant loin de la majorité au Reichstag, fut nommé chancelier par le président Hindenburg avec l’appui des conservateurs, qui pensaient ainsi griller ce guignol, cet agitateur sans envergure en quelques mois. Avec les résultats probants que l’on sait.
- Michael Youn avait inventé le concept de ce film dès 2003 (https://www.youtube.com/watch?v=IHC9xnlbz6U ). Le tout dans un film où Dieudonné incarne Dieu. Là pour le coup, les gens auraient raison de dire qu’on ne pourrait plus faire ça en 2020.
Les conditions idéales pour voir ce film :
- Avec les derniers scores de l’AFD (Alternative für Deutschland, parti allemand d’extrême droite) sous les yeux. En riant nerveusement.
- En sachant que les conservateurs et les libéraux allemands viennent de s’allier avec l’AFD pour une coalition de gouvernement en Thüringe. Rire encore plus nerveusement.
- En se disant que jamais, au grand jamais ceci n’a aucune chance d’arriver en France. C’est pas dans notre beau pays qu’on verrait un parti d’extrême-droite à 25 % des voix.
Ce qu’il faut en retenir :
Quand vos rêves de grandeur ont fait 60 millions de morts et ont transformé votre pays en champs de ruines vidé de sa population, coupé en deux et sous occupation étrangère pour 50 ans, c’est pas mal de s’en rappeler.
Si vous avez aimé ce film, vous aimerez aussi :
- Le livre éponyme à la base du film, écrit par Timur Vermes.
- Vous déguiser en Pétain pour faire le tour des écoles en France.
- La série Messiah, qui parle aussi d’un mec qui revient foutre le bordel.
- Reconstruire la ligne Maginot au cas-où. Bien penser à verrouiller les Ardennes cette fois.
- Envahir la Pologne.
– Et donc, comment ça s’appelle ce site ?
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– Intéressant… Je sens que ça va me plaire !