Barbie

De Greta Gerwig (2023)

« Pour être honnête, j’ai commencé à décrocher du patriarcat quand j’ai réalisé qu’il n’était pas question de chevaux. »

Notation : 

Rose : + + + + + + + + + + 

Carton pate : + + + + + 

Plastique : – – – –

Plastique parfaite des acteurs : + + + + + + + +

De quoi ça parle ? 

Barbie (Margot Robbie) a une vie de rêve à Barbieland. Là bas, pas de fuites d’eau, pas de panne sur le RER B et même pas de trous dans la couche d’ozone. Juste des journées parfaites qui se succèdent, entre bronzette à la plage, grosse teuf et soirée LSD entre copines.

Mais cette routine idéale déraille quand Barbie commence à avoir des idées suicidaires et les pieds plats. Pour trouver la cause de ses problèmes, elle doit se rendre dans le vrai monde, qu’on lui a toujours vendu comme un petit paradis où les femmes sont libres et épanouies (grâce aux Barbie inspirantes vendues par millions). Elle est évidemment loin d’imaginer ce qui l’attend, entre les gros beaufs qui veulent la draguer et les petites meufs vénères de 14 ans qui lui font des leçons de féminisme.

Heureusement, pour l’accompagner dans son périple, elle peut compter sur Ken (Ryan Gosling), son copain écervelé qui ne vit que pour exister à ses yeux (sans grand succès pour l’instant).

D’ores et déjà le film préféré de Quentin Tarantino

Les points forts : 

– Margot Robbie est parfaite (comme dans la vie de tous les jours) et Ryan Gosling n’est pas en reste dans le rôle de Ken. Ses abdos sont tellement parfaits qu’aucun responsable des effets spéciaux n’aurait pu faire mieux. Et il est très drôle (ce dont vous ne doutiez pas si vous avez vu The Nice Guys).

– Sans être hilarant, c’est vraiment drôle. Et au delà de la dimension absurde et satirique, le film tient un discours féministe plutôt frontal et salutaire, qui fera sans doute rager pas mal de « Not All Men !!!! ».

– Les décors et les costumes sont très réussis. Ça donne envie de vivre à Barbieland, même si c’est très gentrifié (on n’ose pas imaginer le prix du mètre carré). Barbie RMIste a clairement été expulsée depuis longtemps.

– Si vous avez vu la bande-annonce, bonne nouvelle, vous n’avez pas déjà vu 80% du film. La plupart des scènes se déroulent durant les 20 premières minutes et le scénario réserve ensuite quelques surprises.

– Quitte à voir un spot publicitaire géant, autant que ça soit bien fait. Mattel fait preuve de pas mal d’autodérision et en prend pour son grade. La marque était tellement ringarde qu’elle n’avait de toute façon pas grand chose à perdre. Comme pour La Grande Aventure Lego, ils ont eu le mérite d’aller au bout du truc.

– La musique est très cool (pour de la pop, difficile de trouver mieux que Mark Ronson) et le film a quelques scènes musicales réussies. Ryan Gosling dans et chante d’ailleurs très bien. Que cet homme est agaçant. La chanson « I’m just Ken » où il explique sa souffrance d’être dans l’ombre de quelqu’un de beaucoup mieux que lui résume d’ailleurs sans doute ce que doivent ressentir toutes les personnes qui le côtoient au quotidien. 

– Michael Cerra, très crédible dans le rôle du mec auquel plus personne ne s’intéresse. 

– Maintenant que le film est sorti, la promo étouffante va peut-être se relâcher un peu. Les équipes marketing ont bien mérité leurs vacances.

Quand la vendeuse Desigual te montre l’étendue de leur gamme.

Les points faibles :

– Le but est que ça reste un film familial et ça se ressent parfois dans l’humour qui se retient un peu. Dommage parce qu’on sent qu’il y avait vraiment matière à se lâcher et faire un truc vraiment délirant et provoc. Bonne chance tout de même aux parents qui vont devoir expliquer le concept de patriarcat à leurs enfants de 8 ans (il n’est jamais trop tôt pour les informer de toute façon).

– Le discours féministe est salutaire certes, et il aurait sans doute été perçu comme dangereusement radical il y a dix ans. Aujourd’hui, ça reste plutôt sage, on sent que le film se retient un peu et veut rester positif. Ça parle de la cellulite, de la charge mentale et des injonctions contradictoires qu’on impose aux femmes, pas des féminicides, des agressions sexuelles et des gens qui veulent revenir sur l’IVG.

– Malgré la prestation de Margot Robbie, le personnage de Barbie a paradoxalement moins de choses à traverser que celui de Ken, qui lui vole peu à peu la vedette. Ce qui ne manque pas d’ironie compte tenu du sujet de film.

– Il y a des petits défauts de rythme, et quelques longueurs, notamment dans l’arc narratif de Mattel avec Will Ferrell. Surtout que ce dernier joue avec la subtilité d’un deuxième ligne de rugby.

– Avec deux courtes apparitions sans dialogue, John Cena est clairement sous exploité, ce qui n’est justement pas sans rappeler Margot Robbie dans Asteroid City. Puisqu’apparemment ça se fait beaucoup, sachez que j’envisage d’utiliser Ryan Gosling pour un plan de ma prochaine story Instagram. Si quelqu’un a le contact de son agent, n’hésitez pas.

Valérie Damidot et son équipe, à chaque fois que quelqu’un
demande « un p’tit coup de main pour des travaux »

Le saviez-vous ? 

À Barbieland, tout est tellement parfait que personne ne veut être policière.

Les conditions idéales pour le regarder :

Avec vos plus beaux vêtements roses. 

Donnez à cet homme un Oscar (mais surtout pas un tee-shirt).

Ce qu’il faut en retenir : 

Le film avec le plus de bombes qui sort cette semaine au cinéma n’est pas Oppenheimer.

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Les chevaux.

Face au succès de Barbie, la production de Fast and Furious
s’adapte déjà pour Fast and Furious XI.

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