3 billboards, les panneaux de la vengeance

3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance, de Martin McDonagh

 

Notation :

Make America Great Again : +++++

Panneaux publicitaires : +++

Citations de Yoda : +

Justice : – – – – – –

Récurrence des termes « God Damn » et « Fuck » : +++++

 

Citation :

Mildred Hayes : So how’s it all going in the nigger-torturing business, Dixon?

Dixon : It’s ‘Persons of color’-torturing business, these days, if you want to know.

 

Synopsis :

Alors que l’enquête sur le viol et le meurtre de sa fille est au point mort depuis des mois, Mildred Hayes (Frances McDormand) décide de prendre les choses en main. Elle loue trois grands panneaux publicitaires à l’endroit où le drame a eu lieu et y fait afficher un message qui interpelle directement le shérif Bill Willoughby (Woody Harrelson), qu’elle accuse d’être plus occupé à couvrir les bavures racistes et la gueule de bois de ses hommes – notamment le Sergent Dixon (Sam Rockwell) – qu’à enquêter pour retrouver l’assassin.

Mais si la population locale convient que Mildred Hayes a vécu un drame horrible, tout le monde semble légèrement outré qu’elle s’en prenne à ce bon vieux shérif qui est très sympathique et qui, aux dernières nouvelles, n’a rien fait de mal (ce qui est toujours plutôt facile quand on ne fait rien du tout me direz-vous).

Soumise à de nombreuses pressions pour stopper sa campagne de communication disruptive (ce n’est pas dans la start-up nation qu’on viendrait lui reprocher ça), Mildred va devoir faire preuve de courage et de ténacité pour résister à l’engrenage de la violence qui se met en place. Même si dans le genre « Je fais de la merde parce que je suis énervée et je réfléchis après », elle n’est pas mal non plus.

 

Quand on te parle le matin alors que t’as pas fini tes Chocapic (Crédit photo : Merrick Morton)

 

Les points positifs :

– Le meilleur film des frères Coen qui n’est pas des frères Coen.

– Le recours à l’humour noir permet de désamorcer intelligemment les situations qui pourraient faire basculer le film dans certains travers regrettables. Ainsi, malgré une histoire lourde et émouvante, on évite l’overdose de pathos ou le moralisme facile. Et malgré le lieu et les personnages qu’on y rencontre, Martin McDonagh nous épargne le jugement un peu condescendant sur ces gros beaufs d’Américains qui vivent au fin fond du Missouri (même si on ne va pas se mentir, ça reste des gros beaufs quand même).

– Comme expliqué juste avant, les personnages sont suffisamment bien écrits pour éviter la caricature. La plupart ne sont ni des héros, ni des salauds irrécupérables. Il n’y a globalement que des cons, des gentils cons et des gentils (mais souvent un peu cons quand même aussi).

– Globalement, le casting est parfait, que ce soit Frances McDormand en mère déterminée à aller au bout de sa démarche ou Sam Rockwell en flic raciste teubé. Woody Harrelson est très bien aussi mais le rôle du flic avec l’accent texan, on l’a déjà vu le faire dix fois donc ça surprend moins. Petite mention pour finir à Caleb Landry Jones, sorte de Eddie Redmayne en encore plus roux, mais avec le même talent pour jouer les rôles de babtous fragiles qu’on a envie de prendre dans ses bras de peur qu’il ne se casse en deux.

– La BO très réussie de Carter Burwell (compositeur des frères Coen et de la saga Twilight), si tant est qu’on aime la musique qui donne envie de boire des verres de whisky avec un chapeau de cowboy sur la tête. Mention au titre The Night They Drove Old Dixie Down qui rendrait épique et enthousiasmant n’importe quoi, même un film de Sofia Coppola. Même si la version originale de The Band est meilleure que celle de Joan Baez dans le film.

 

Les points négatifs :

– On sent que Peter Dinklage est un peu là juste pour que les gens puissent dire « Oh, regarde, c’est le nain de Game Of Thrones ! ». Jolie moustache cependant.

– Le titre original (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri) est bien mieux que le titre français. On se demande bien pourquoi ils se sont sentis obligés de rajouter cette histoire de vengeance dans le titre, alors qu’il s’agit plutôt d’une quête de vérité et de justice. Parce que là quand on lit le titre, on s’attend à un western avec Clint Eastwood qui débarque pour buter des mecs au hasard.

– D’ailleurs, l’affiche initiale du film est selon moi plus belle que l’affiche française et donne très envie d’aller visiter le Missouri, le Kansas ou l’Oklahoma pour voir le soleil se coucher sur une route déserte, uniquement cernée de champs à perte de vue. Bon après quand on tombe sur une série Netflix qui s’inspire de faits divers bien glauques qui se sont déroulés dans ces régions et on se dit que New-York c’est pas mal aussi. 

 

Alors, vous êtes plutôt #TeamAfficheOriginale ou #TeamAfficheFrançaise ?

 

Le Saviez-Vous ?

Si vous refusez de prêter votre voiture à votre fille et que vexée, elle part à pied en vous hurlant « J’espère que je vais me faire violer sur le chemin par ta faute », que vous lui répondez « Eh ben moi aussi j’espère que tu vas te faire violer ! » et que, effectivement, elle se fait violer, vous allez vous en vouloir.

Un tel film n’aurait pas pu être tourné à Grenoble.

 

Les conditions idéales pour regarder ce film :

Bourré, après une soirée passée à jouer au billard et écouter de la musique country dans un pub miteux.

 

Dans un monde parallèle, Brienne et Tyrion ont bien vieilli et passent leur samedi soir dans des restaurants cosy de King’s Landing

 

Ce qu’il faut en retenir :

Avoir un gilet et un triangle fluos dans sa voiture, c’est bien. Un extincteur, c’est mieux.

N’écoutez pas la musique trop fort sous peine de vous brûler.

Tout le monde a le droit à une deuxième chance. Sauf les nains.

La vengeance est un plat qui se mange très chaud.

 

Quand un mec commence à te raconter sa vie alors que toi, à la base, tu voulais juste faire de la balançoire tranquille.

 

Les éléments de langage à utiliser pour parler du film et impressionner vos amis :

« Une plongée au coeur de l’Amérique profonde »

« Un humour féroce »

« Une actrice habitée par son rôle »

« Un film sans concessions sur l’Amérique de Donald Trump »

« Une vraie réflexion sur la nature humaine »

« Tendre et cruel à la fois »

« Un film important »

 

La critique à deux mains (une sur le clavier, une dans le pantalon) :

Dans ce film qui emprunte autant qu’il rend hommage aux frères Coen, Martin Mcdonagh nous interroge sur la violence, la justice, la résignation et tous ces enjeux qui accaparent les élucubrations quotidiennes des oubliés de l’Amérique libérale.

Porté par un casting lumineux et un réalisateur au regard juste, presque attendri, 3 Billboards chamboule, fait rire, questionne et ouvre les portes d’une humanité qui hurle son besoin viscéral d’exister autrement. Libérateur.

 

Si vous avez aimé ce film, vous aimerez aussi :

In Bruges du même réalisateur. Ou Sept Psychopathes, toujours du même réalisateur. Un peu moins bien mais il est sur Netflix ce qui est pratique pour un dimanche soir déprim’ en hiver.

Si vous aimé Frances McDormand, il y a aussi la mini-série dramatique Olive Kitteridge sur Netflix. C’est pas drôle mais ça ne dure que quatre épisodes. Et il y a Bill Murray. 

La filmographie des frères Coen.

Girl On Fire d’Alicia Keys

La loi du talion.

La peine de mort.

4 réflexions au sujet de « 3 billboards, les panneaux de la vengeance »

  1. Bien! En conséquence, si là, comme ça, tu décidais de laisser une trace dans l’Histoire en consacrant ta vie à nous conseiller les bons films dispos sur Netflix, ça ferait de toi une belle personne pleine de richesse intérieure. Et ça nous permettrait de rester de beaux branleurs assistés. Un win-win.

  2. On dirait Télérama pour les moins de douze ans d’âge mental. Je l’ai donc recommandé chaudement à mes amis.

  3. Moi à chaque fois que je vois Frances Mc Dormand je me dis « Tiens c’est la femme flic de Fargo » et c’est un point positif. Pourquoi Peter Dinklage dans les points négatifs ? Il joue juste pourtant. Je crois tout simplement que pour la grande majorité des gens il n’y a que dans un contexte fantastique genre Game of Thrones ou Fort Boyard que la présence d’un nain ne gêne pas.
    Oui, c’est vrai que c’est plus une quête de vérité et de justice que de vengeance. Donc, on peut aimer ce film et ne pas aimer la peine de mort.

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