La Disparition de Josef Mengele

Un mot sur l’auteur :

Olivier Guez est un auteur français d’une quarantaine d’années, parfois confondu avec Laurent Blanc.

Initialement, Olivier Guez est journaliste, mais il a aussi beaucoup tenté dans la littérature, comme le prouve son essai Éloge de l’esquive, un texte autour du dribble dans le foot. Même si un titre pareil et le choix du Brésil comme périmètre de recherche laissait plus penser aux rapports des dirigeants brésiliens à la prison plutôt qu’une réflexion sur les gestes techniques du ballon rond, son travail avait été remarqué et salué.

Mais sa carrière prend une nouvelle dimension après la parution de son roman La Disparition de Josef Mengele qui a obtenu le Prix Renaudot en 2017 et dont nous allons parler aujourd’hui. Pour ceux qui l’ignorent, le Prix Renaudot est décerné chaque année « pendant la délibération du jury du Goncourt ». Sorte de Coupe Intertoto de la littérature, le Prix gagne cependant en importance chaque année, ce qui peut étonner quand on sait que Franz-Olivier Giesbert, Patrick Besson et Frédéric Beigbeder font partie du jury.

 

Quand t’es trop content d’avoir gagné un prix.

 

Résumé

Comme son titre le laisse supposer, La Disparition de Josef Mengele retrace la fuite du criminel nazi à la fin de la seconde guerre mondiale jusqu’à sa mort 30 ans plus tard. De l’Argentine au Brésil, en passant par le Paraguay et le Chili, on suit le parcours et la « nouvelle vie » d’un des plus grands psychopathes de l’histoire de l’humanité (après l’inventeur du wattbike).

Comptant tantôt sur la complicité de fidèles du régime nazi exilés dans la région, tantôt sur l’argent de sa famille restée en Allemagne et profitant souvent d’un contexte géopolitique favorable, l’ancien médecin d’Auschwitz a ainsi pu vivre jusqu’à 67 ans sans être ni jugé, ni arrêté. Ce qui fout un peu le bourdon quand le livre récapitule ses agissements au sein du camp de concentration.

Pour écrire ce livre, Olivier Guez a déclaré avoir enquêté trois ans et retracé le parcours du criminel durant de longs mois sur place. 2017, moins trois ans, ça nous amène à une enquête démarrée en 2014. Il y avait quoi en 2014 déjà au Brésil ? Et en 2016 ? Et ouais, on nous la fait pas à nous, Olivier. Mais bon plan, bien vu. En tout cas, soyons honnête, l’effort de documentation se ressent tant le récit est précis et la traque de l’auteur implacable.

Bien sûr, les passages faisant office de « plongée » dans la tête du tortionnaire peuvent davantage prêter à discussion, tant il semble difficile d’imaginer ce que pouvait précisément ressentir cet homme à l’empathie d’un fer à repasser. Mais, en se basant sur son journal intime (oui, a priori, on peut être un psychopathe sanguinaire et tenir un journal comme une pucelle de 14 ans) et ses correspondances, on peut supposer qu’Olivier Guez avait de quoi dresser un portrait fidèle de la personnalité de « l’Ange de la mort ».

Oui, car « l’Ange de la mort », c’était son surnom. Ça vous place tout de suite le niveau du mec, qui à ce stade est soit la pire enflure imaginable, soit le chanteur d’un mauvais groupe de death metal. Personnellement je trouve que ça reste un peu trop premier degré, on sent que le mec en fait des caisses pour impressionner. Et ce genre de trucs cache souvent un gros problème de confiance en soi ou un micropénis. D’où l’intérêt de préciser que Josef Mengele s’aimait énormément. À mon humble avis « Fanzouze », c’était moins long et aussi terrifiant.

 

Les points positifs : 

– Tout le monde s’est foutu de la gueule d’Hubert Bonisseur de La Bath dans OSS 117 mais ce livre permet de rétablir la vérité : il y avait bien une sorte d’amicale d’anciens nazis au Brésil. Elle n’était juste pas déclarée officiellement.

– Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer quand on se fait résumer l’histoire par « Tu savais que Josef Mengele avait passé 30 ans en Amérique du Sud sans jamais être arrêté ?», il n’a heureusement pas été tout ce temps sur une plage avec un cocktail dans la main et un cigare dans l’autre.

– Même si cet aspect du livre est le plus discutable (car forcément le moins objectif), tous les passages où Olivier Guez imagine les pensées, jugements ou même les rêves de Mengele sont assez intéressants. Ils permettent de se demander à quel point il faut être détraqué pour vivre avec toutes ces atrocités sur la conscience? Comment peut-on vivre en se sachant l’homme le plus recherché de la planète ? (Spoiler : il le vivra très mal). Personnellement, les rares fois où j’ai fraudé les transports en commun, j’étais en nage à chaque arrêt du bus, persuadé qu’une armée de mecs ressemblant à l’agent Smith dans Matrix allait venir m’arrêter.

 

Les points négatifs :

– La frontière floue entre livre historique et récit romanesque décrite juste au dessus est probablement la seule faille de ce très bon ouvrage, annoncé comme un roman mais écrit comme une biographie. Où commencent et se terminent les « zones d’ombres qui ne seront jamais éclaircies » dont parle l’auteur à la fin ? La forme romanesque qu’il revendique avoir utilisée « pour approcher au plus près la trajectoire macabre du médecin nazi » lui a probablement permis d’en combler une partie. Mais difficile pour le lecteur peu éclairé sur le sujet de ne pas reposer ce livre un peu frustré de ne pas savoir où s’arrête précisément la réalité et où commence la fiction. Un peu comme quand on regarde le film  Abraham Lincoln, chasseur de vampires, en quelque sorte.

 

Vivement le remake français : Emmanuel Macron, pourfendeur de RMIstes

 

Les autres disparitions qui mériteraient un roman : 

Xavier Dupont de Ligonnès : l’un des plus grands mystères criminels de ces dernières années. Comment Xavier Dupont de Ligonnès a pu disparaître après le meurtre de sa femme et de ses enfants ? Est-il, comme tout semble l’indiquer, le coupable de ces crimes sordides ? C’est à ce fait divers étrange que se consacre un twittos anonyme dans un roman auto-édité, qui bouleverse nos certitudes avec une enquête dérangeante qui sollicite l’avis d’autres experts twittos, fait appel à des indices inédits trouvés sur ses forums très fiables comme ceux de jeuxvideo.com, et donne la parole à un salarié du rayon ciment d’un Leroy Merlin… que le système judiciaire semble étrangement vouloir faire taire…

Colonel Reyel : après avoir commis des atrocités musicales pendant plusieurs années, le tristement célèbre Colonel Reyel disparaît des ondes, non sans laisser des milliers de personnes définitivement sourdes ou traumatisées. Rédigée par Pascal Nègre (qui cherche juste à savoir s’il est mort pour pouvoir sortir un coffret hommage), cette enquête s’applique à retrouver la trace de l’un des plus grands criminels de l’histoire de la musique. De la Guadeloupe à son lieu de naissance à Saint-Mandé en passant par le rayon fruits et légumes du Carrefour de Roubaix où il a fait son dernier concert, cette traque laisse le lecteur scotché et avec une seule peur : que Pascal Nègre ne le retrouve et fasse ressurgir les démons du passé.

Le Respé : il suffit de se rendre sur toutes les pages Facebook comme « Si toi aussi quand on te tire sur le doigt tu pètes », « Codes de courgettes » ou « Minute Buzz » pour voir fleurir les commentaires d’illettrés demandant à leurs potes « il é ou le respéééé là ? ». Je suis prêt à personnellement financer la recherche du mec qui le retrouvera et qui les fera enfin passer à autre chose.

 

Les (vrais) avis sur Internet qui vont (ou pas) vous donner envie de le lire : 

Mécontent, sur Amazon. 1 étoile. 
moi c est simple je n ai jamais recu le ,livre bravo amazon,vraiment decu je vais retourne chez mon libraire serieux lui.

Thierry B, sur fnac.com. 3 étoiles.
pas d avis , c est un cadeau pour Noël.

Hervé Brasseur, sur Amazon. 2 étoiles.
Ce livre ne casse pas 3 pattes à 1 canard. Coquilles nombreuses et accords souvent erronés. Bref, je ne le recommande pas sauf à ceux que je n’aime pas!

Brigitte B, sur fnac.com. 4 étoiles.
Pour compléter le reportage sur ce médecin maudit.

Ilo, sur Amazon. 3 étoiles.
tesr poursortie dii car bloque dna cet eaceet impossible de revnir vers lesace lectur d la kindle. j ne comprends pas cela fait pourtant plus sde vingt mots

Hertou, sur Amazon. 4 étoiles.
Je suis passionné par l’histoire des camps de concentration. Je possède la collection des livres de C.Bernadac. Livre qui permet de se souvenir de moments que l’on ne doit pas oublier.

Michel C, sur fnac.com. 5 étoiles.
Arrêtons de croire au Père Noël. En mémoire aux victimes de la barbarie allemande de cette époque et que nos politiques oublient très facilement pour servir leur égo !

 

« Nous sommes en 1955, herr Bramard, on peut avoir une deuxième chance ? Merci ! »

 

Si vous avez aimé ce livre, vous aimerez aussi :

La Disparition de Georges Perec. Pour l’anecdote, j’ai essayé de vous écrire un résumé de ce livre, sans utiliser la lettre « e » pour faire le malin. J’ai abandonné au bout de quinze minutes.

Les films Indiana Jones.

L’épisode de Fiche de Lecture sur Mein Kampf.

3 réflexions au sujet de « La Disparition de Josef Mengele »

  1. L’ange de la Mort, ça fait chanteur de Death Metal? Je dirais même mieux, c’est un des titres les plus connus du groupe Slayer qui parle d’ailleurs de Mengele.

  2. j’ai trop kiffé qu’il flippe sa race pendant ses nombreuses années un peu comme l’enfer avant l’heure
    j’ai trop flippé que des gens l’accueillent sans sourciller
    j’ai trop kiffé de le savoir dans un bidonville quand il avait connu des palaces
    j’ai trop flippé de me rendre compte qu’il restait autant de nazis
    j’ai trop kiffé qu’il ait de la merde dans la bouche
    et pis j’aime bien quand les méchants meurent à la fin

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