La disparition de Stéphanie Mailer – Joël Dicker (2018)
Un mot sur l’auteur :
Joël Dicker est jeune, beau et depuis 2012 et la parution de son roman La Vérité sur l’Affaire Harry Québert (gros best-seller, Grand Prix du roman de l’Académie française et prix Goncourt des lycéens) alors qu’il avait 26 ans, il est très riche. En plus comme il est suisse, il ne paie presque pas d’impôts. Oui, Joël Dicker est vraiment très agaçant.
Il revient cette année avec son quatrième roman La disparition de Stéphanie Mailer, confirmant ainsi son goût pour les titres à rallonge et racoleurs. Vivement le prochain : La vérité sur l’affaire secrète de la disparition inattendue du petit Jean-Eudes, attention la fin va vous surprendre !
Notation :
Faites entrer l’accusé : + + +
William Turner : – – – –
Afida Turner : – – – –
Page turner : + + + + +
Victor Hugo : – – – –
Rédaction de quatrième de 600 pages : + +
Plaisir coupable : + + + + + +
Résumé :
En 1994, la ville d’Orphea, dans l’État de New York, est frappée par un terrible drame. Non pas un concert des Boyz II Men, mais un quadruple meurtre dont les victimes sont le maire de la ville, sa femme, son fils et une joggeuse qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. L’enquête est confiée à Jesse Rosenberg et Derek Scott, deux jeunes flics ambitieux et présentés comme très doués. Après une enquête compliquée et ponctuée d’événements malheureux, ils finissent tout de même par choper le coupable.
Mais 20 ans plus tard, alors que Jesse Rosenberg fait son pot de départ de la police, une journaliste nommée Stéphanie Mailer vient le trouver pour lui dire que c’est un bon gros boloss et qu’ils ont arrêté le mauvais coupable 20 ans plus tôt. Alors que ce brave Jesse est occupé à bégayer et dire « Mais eUuH nOon euUuh, pAs dU ToUt eUh ! », elle lui donne rendez-vous un peu plus tard pour lui révéler ses nombreuses découvertes et pouvoir se faire un petit kiff en lâchant un mic-drop à la fin. Mais évidemment, cette deuxième rencontre n’a jamais lieu sinon le livre ferait trente pages et à 23 balles le bouquin, ça ferait un peu cher.
Résultat, avant d’avoir pu en dire plus, Stéphanie Mailer disparait et force Jesse et son collègue Derek à réouvrir l’enquête, et toutes les blessures qui vont avec.
What else?
Les points positifs :
Le livre fait plus de 600 pages. Même si c’est facile à lire, ça devrait vous occuper quelques heures.
Si vous avez aimé la recette de La Vérité sur l’affaire Harry Québert, vous ne serez pas dépaysé, Joel Dicker a repris exactement les mêmes ingrédients. La mécanique des flashbacks, le même genre de lieu pour situer l’action, même avalanche de personnages secondaires avec leurs liens secrets, même rebondissements perpétuels.
Si vous lisez les quatre dernières pages du livre à la FNAC, vous connaitrez le coupable et vous pourrez bien faire chier vos amis qui mettront trois mois à le finir.
Le livre est très épais. À défaut de le lire sur la plage, vous pouvez le glisser sous votre serviette et l’utiliser comme appui tête.
Les points négatifs :
Un rebondissement par page, ça donne envie de lire la suite, c’est sûr. Mais au bout de la deux centième page, on a cru connaitre le coupable trois fois, cinq personnages sont passés de gentils à méchants et on est fatigué d’avance en voyant qu’il reste plus de 400 pages et à peu près autant de RÉVÉLATIONS CHOCS à se taper.
On connaissait les flics brillants qui devinent des trucs auxquels vous n’auriez jamais pensé (Hercule Poirot, Sherlock Holmes, Noël Flantier), les flics courageux qui chassent les serial killers à la force de leur instinct (Alex Cross, Serge Karamazov), découvrez dans ce livre, les flics complètement cons. En effet, à la lecture de l’enquête de Jesse et Derek, impossible d’être surpris qu’ils n’aient pas chopé le bon mec lors de la première enquête. Il y a notamment un passage marrant où Anna, une jeune flic qui les aide après la réouverture de l’enquête, ressort la reconstitution du crime qu’ils ont fait 20 ans plus tôt (après des mois d’enquête). Au bout de cinq lignes du rapport, elle relève un truc énorme qu’ils avaient complètement raté et qui change tout. Des vrais champions, on vous dit.
Bon, en réalité, ce qui est agaçant, c’est que Joël Dicker essaie de nous les faire passer pour des bons flics alors que tout cela est surtout un moyen pour lui de faire de la rétention d’informations et s’assurer du suspens jusqu’à la fin dans le bouquin. Il n’est pas ainsi pas rare que le lecteur devine quelque chose trente pages avant Djobi et Djoba (ce qui fait se sentir intelligent au début, puis devient franchement lourd à la fin). On se retrouve donc à subir le récit et l’enquête sans pouvoir, de son côté, essayer de faire ses propres déductions.
On sent que Joël Dicker a voulu creuser ses personnages secondaires pour leur donner de la consistance. Problème : il y en a beaucoup trop (il y avait matière à faire quatre romans différents tellement ça part dans tous les sens) et au final on ne s’attache à aucun d’entre eux (il faut dire qu’en plus, ils sont tous passablement insupportables). Au moins dans Game of Thrones, ils meurent, ce qui soulage un peu.
Clairement, ça n’est pas de la grande littérature. Ça n’était déjà pas la principale force de La vérité sur l’affaire Harry Québert, mais il y avait dans l’histoire d’amour qui s’articulait autour de l’enquête, comme dans la réflexion sur l’écriture, une certaine profondeur. Rien de tout cela ici : les personnages sont caricaturaux, les dialogues plutôt creux, les descriptions réduites au minimum. Quitte à ne laisser place qu’à l’intrigue, autant directement mettre les procès verbaux de l’enquête la prochaine fois.
Le Saviez-Vous :
Une adaptation série de La Vérité sur L’Affaire Harry Québert devrait sortir très bientôt sur TF1 (elle a été présentée à CanneSéries en avril). Avec Patrick Dempsey (Grey’s Anatomy) en acteur principal et Jean-Jacques Annaud à la réalisation. Improbable, mais toujours moins que l’enquête de La Disparition de Stéphanie Mailer.
On a tendance à l’oublier mais Jean-Jacques Annaud a un jour gagné un Oscar.
Les conditions idéales pour lire ce livre :
Sans trop réfléchir.
Ce qu’il faut en retenir :
À la fin, c’est pas Émile le coupable.
Si vous avez aimé ce livre, vous aimerez aussi :
Le théâtre contemporain.
Les grosses ficelles.
Les séries de l’été sur TF1.
La série Making A Murderer (Netflix), où là aussi, des flics arrêtent des gens qui n’ont rien fait. Sauf que dans le cas de cette série c’est une histoire vraie et ça fout un peu les boules.
Pas un mot sur Le Livre des Baltimore, putain ?!
1/ Celui là je l’ai pas lu.
2/ C’est pas un article sur Le Livre des Baltimore.
Merci 🙂 Ca m’evitera de le lire – alors que j’avais beaucoup aimé La vérité sur l’affaire Harry Québert. Bisous bisous les Zaffreux
C’est à croire que La Vérité Sur l’Affaire Harry Québert est un incident de parcours car son premier bouquin « les derniers jours de nos pères » est vraiment médiocre. Si je me souviens bien il ne fait qu’environ 400 pages mais ce fut long et pénible à lire.