On m’a mise au défi d’écrire une aventure de James Bond avec Josef Staline et ça a donné ça. Comme la sortie du prochain film de 007 est repoussée, je vous la partage pour vous aider à patienter. Bonne lecture !
12 octobre 1949, 16h45
Aujourd’hui j’ai eu mon rendez-vous de fin de mission avec le psychologue du MI6 (je suis revenu de Chine il y a quatre jours – je me demande si ça va durer, leur « République Populaire », là). Je l’aime pas trop celui-là, avec ses questions à la con, mais je suis obligé de le voir. Il a dit que ma santé mentale était stable, mais que j’avais des « tendances dépressives ». Des tendances dépressives, n’importe quoi. Quel tocard. Enfin bref, il m’a demandé de commencer un journal. Il me prend pour une fillette de douze ans ? Et il a demandé à M de vérifier que j’écrivais bien régulièrement. Quel tocard.
14 octobre 1949, 11h55
Je m’ennuie. J’aime pas ces périodes creuses entre les missions. Les journées sont longues et se ressemblent toutes. Le matin, je me lève à huit heures. Je prends mon petit déjeuner (du thé avec des biscuits et une pomme – les fruits c’est bon pour la santé et le transit). Puis je vais à la salle, boxer un peu et m’entraîner avec maitre Liu pour améliorer mon Kung Fu. Il est un peu taré, à raconter à longueur de journée que le Kung Fu c’est super, mais c’est un bon professeur.
Après une douche froide (c’est bon pour la circulation sanguine), je vais déjeuner, souvent seul, chez Armand, le bistrot français du coin de ma rue. Puis je suis les leçons de langues au QG et après, selon mes envies, c’est équitation, natation, entraînement au tir. Retour chez moi, lecture, dîner préparé par la bonne que m’envoie le MI6 et puis je me couche tôt. La vie d’espion quand on n’a pas de mission, c’est pas marrant marrant.
15 octobre 1949, 7h12
J’ai envie de tuer ma voisine du dessus. Je pourrais si je voulais, mais tout ce que je récolterais, outre la satisfaction de l’avoir dégommée, c’est une mise à pied. Je devrais plutôt déménager. Mais cette habitude de circuler toute la journée en talons est abominable ! Clac clac clac clac, le matin à six heures, le soir à minuit, sans parler du défilé d’amants et la manière bruyante dont elle copule. Elle hurle littéralement. Et moi je n’ai rien touché depuis ma dernière mission. Je crois qu’il est temps d’aller faire un tour au Hooper’s Hotel.
16h29
Ah oui, ça m’a fait du bien. Je devrais y aller plus souvent. J’ai passé une délicieuse demi-heure avec une belle brune prénommée Jacqueline. Oui, ma bonne humeur est revenue.
20h17
Je vais tuer ma voisine du dessus.
20h21
Si je fais ça bien, peut-être que personne ne me soupçonnera… Réfléchissons.
20h23
Non, tout le monde saura que c’est moi, c’est sûr.
22h
AAAARRRRRRGHHHH !
22h34
Je vais déménager, voilà la solution. C’est plus efficace que de la tuer, même si elle mérite.
16 octobre 1949, 10h14
Pffff, au QG ils m’ont interdit de déménager. Pas tout de suite en tout cas. Ça ne fait que six mois que je suis dans cet appartement, ils disent que ça ferait suspect…
17 octobre 1949, 23h14
Je viens de dîner chez Maman. Ça m’a fait du bien, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vue. Elle m’a fait des boulettes de viande comme je les aime, et m’a laissé repartir avec un doggy bag. Elle est un peu tristoune depuis que papa est parti. Heureusement qu’elle a Robert, son Yorkshire, et ses copines du club de lecture.
Elle m’a encore demandé quand est-ce que je lui donnerais des petits-enfants. J’aimerais bien lui dire que les espions n’ont pas le temps pour ça, mais je ne peux pas. Et qu’est-ce que je ferais avec des enfants, de toute façon ?
22 octobre 1949, 12h23
Flint, mon « meilleur ami » est revenu de Grèce. Il se la pète parce qu’il a soi-disant mis fin à la guerre. Gnagnagnaaaa. En attendant, il y a passé deux ans et ça a été un bordel monstre tout du long. Je suis sûr que si moi, j’y avais été, j’aurais tout réglé en quelques semaines. Peut-être qu’il y aurait eu des morts haut placé, mais ça n’aurait pas duré en tout cas.
Après, j’ai toujours détesté les feuilles de vigne farcies, alors c’est peut-être pas plus mal que j’y sois pas allé.
23 octobre 1949, 04h22
J’ai passé une soirée épatante avec Flint. Nous avons bu, nous avons ri, nous avons rencontré des belles dames… J’avais oublié comme il me manquait.
On a commencé la soirée au Pub 50’s, et puis vers minuit on est allé se promener. On a volé une limousine à l’ambassade de France (enfoirés de français), et puis on a fait tout le tour de Londres, et on a fini dans la Tamise. Ça faisait longtemps que j’avais pas noyé une voiture ! Et puis après ça, on est allé dans un tripot tout moisi avec des pauvres. On s’est un peu bagarrés, même que j’ai un œil au beurre noir maintenant. Mais on a été raisonnables, on a tué personne. Et puis on est retourné au 50’s, on a descendu trois autres bouteilles de champagne, j’ai passé quelques minutes délicieuses dans une ruelle avec une grande blonde un peu idiote, et puis finalement, fatigué, je suis rentré.
Bon chuis vanné. Au lit !
13h44
GUEULE DE BOIS.
16h58
Pfff. M vient de nous engueuler, avec Flint, à cause de la voiture de l’ambassade. Elle nous a dit : « si vous n’aviez pas été mes deux meilleurs agents, vous auriez été virés ». Ça va, c’était juste une voiture, pas la peine d’en faire tout un fromage ! Et puis les français, comme les gros lâches qu’ils sont, ils ont cru à une tentative d’attentat. Non mais ça va, hein, on a volé la voiture et il y avait personne dedans !
C’est dingue, dès qu’on commence à s’amuser, les officiels font du foin.
Une réflexion au sujet de « Journal intime de James Bond – partie 1 »