Ci-dessous, notre avis sur Ted Lasso, une série de Jason Sudeikis, Brendan Hunt et Bill Lawrence. À voir sur Apple TV (2020). Une saison diffusée (deux saisons supplémentaires prévues).
– Croyez-vous aux fantômes, Ted ?
– J’y crois. Mais plus important encore, je pense qu’ils devraient croire en eux.
Notation :
Moustache : + + + + +
La positive attitude : + + + + +
Gegenpressing : – –
Concours d’accents : + + + +
De quoi ça parle ?
La série suit les aventures de Ted Lasso (Jason Sudeikis), entraîneur de football-américain qui se retrouve parachuté entraîneur de Richmond, une équipe de football-tout-court en Premier League anglaise. Pourquoi ? Parce que la nouvelle propriétaire du club, qui en a hérité après son divorce, a envie de faire chier son ex-mari, ancien actionnaire et premier supporter du club. Comme quoi, méfiez-vous des gens riches, ils ont des moyens vraiment vicieux de vous rendre la vie impossible.
Ted Lasso n’ayant jamais vu le moindre match de soccer de sa vie, sa mission s’annonce plutôt compliquée, surtout que Richmond n’est pas forcément favori pour le titre (imaginez une équipe du niveau de Burnley, Brighton ou Arsenal).
À défaut de pouvoir compter sur le soutien des fans et des journalistes qui se désolent de cette nomination incompréhensible, l’entraîneur du Kansas pourra s’appuyer sur des ressources insoupçonnées : un optimisme inébranlable, un entraîneur adjoint qui fait 90% de son travail et un waterboy qui a probablement beaucoup trop joué à Football Manager.
On rigolerait quand même plus si les résultats des tests COVID étaient affichés comme les résultats du BAC.
Les points forts de Ted Lasso :
Enfin une série qui met en lumière ce sport méconnu qu’est #LeFoot.
Le premier épisode peut faire craindre que 90% des vannes tournent autour des stéréotypes sur les anglais et leurs petits cousins attardés d’outre-atlantique et les différences entre les deux « footballs ». Mais la série diversifie rapidement son humour pour proposer autre chose qu’une énième comédie sur le choc des cultures.
Le pitch de départ aurait aussi pu faire craindre un « Michael Scott devient entraîneur d’une équipe de foot » qui n’aurait pas été super crédible (on rappelle que c’est une équipe de Premier League). Mais Ted Lasso, bien qu’un peu à côté de la plaque, est loin d’être abruti et se révèle finalement touchant et inspirant, même pour les plus cyniques qui vomissent les termes « bienveillance » ou « team-spirit ».
La galerie de personnages, qui parait au départ un peu stéréotypée (le footballeur idiot, la femme de footballeur superficielle, le larbin de la dirigeante, etc) évolue intelligemment et propose des seconds rôles réussis et attachants. C’est un peu la marque de Bill Lawrence qui avait déjà réussi l’exploit de rendre sympathique Bob Kelso dans Scrubs (même si ça avait pris six saisons).
En parlant de Scrubs, Zach Braff a réalisé un épisode, ce qui ne manque pas d’ironie quand on sait à quel point il assume son absence totale de connaissance du monde du sport. Soulignons d’ailleurs qu’il n’est pas nécessaire de s’intéresser au foot pour apprécier la série, ce qui était en même temps préférable pour qu’elle intéresse le public américain chez qui le soccer est à peu près aussi populaire que le Coca Zéro.
À défaut de faire rire toutes les 30 secondes par une avalanche de punchlines, la série donne le sourire. Et on va pas se mentir, avec l’année de merde qui vient de se passer, ça fait du bien.
Les plus cinéphiles noteront la présence au casting de Juno Temple, mais ne la reconnaîtront peut-être pas tout de suite parce qu’elle est maquillée comme un camion, qu’elle a subitement l’air d’être devenue anorexique et qu’elle n’a plus de sourcils.
Dans le rôle de la propriétaire du club, vous reconnaîtrez peut-être aussi Hannah Waddingham, vue dans Game Of Thrones (la méchante religieuse) ou Sex Education (l’une des deux mamans de Jackson). Vous l’avez peut-être aussi vu dans Les Misérables, mais ça, vous avez probablement essayer de le rayer de votre mémoire.
Là aussi comme dans Scrubs, chaque épisode se termine sur une petite musique pop ou folk qui donne des frissons (Mumford & Sons ayant succédé à Joshua Radin). Le procédé est connu et un peu facile, mais quand c’est bien fait, ça fait toujours son petit effet.
Encore une série avec seulement 10 petits épisodes de 30 minutes, qui se regarde donc facilement en un week-end. Idéal pour faire une coupure au milieu d’un marathon 24h chrono sur Netflix qui vous prendra six jours sans manger et dormir.
La série comporte cette phrase : « Je veux qu’il ait l’impression qu’une batte de cricket pleine d’échardes lui défonce l’anus encore et encore, de façon répétée, en boucle. Comme un GIF. »
C’est pas difficile, mais encore un Lasso plus utile que dans Wonder Woman 1984.
Ted Lasso est une bonne occasion de se souvenir à quoi ressemblait un match de foot avec des spectateurs en tribunes.
Cet homme a réalisé un épisode.
Les points faibles de Ted Lasso :
La série est diffusé sur Apple TV. Personne n’a Apple TV.
Jason Sudeikis a déclaré qu’il s’estimerait heureux si l’on recevait Ted Lasso « comme une sorte de Friday Night Lights avec des blagues ». Deux saisons sont encore prévues mais il reste du travail pour y prétendre quand même…
Pas mal de références à la pop-culture (pas toujours très subtiles), mais aussi à des vannes plus pointues (comme des allusions à des joueurs de foot américain ou des chanteurs country des années 90) qui laisseront peut-être sur la touche ceux qui n’ont pas grandi avec des posters de Willie Nelson ou Reggie White dans leur chambre.
Les fans de foot devront bien garder en tête que c’est une sitcom, et qu’en effet, il est peu probable qu’on puisse gérer un club de Premier League en étant environ cinq.
Le joueur français qui joue à Richmond a deux répliques : une pour dire «Putain de ta mère la pute, c’est qui ce mec ?» et une deuxième pour raconter à ses coéquipiers la fois où il a couché avec une top-model à Saint Barth’. Mesdames et messieurs : la France. Bon, au moins, il est joué par un français ce qui change de The Boys où Frenchie parle en disant « han han baguette ».
Il y a une scène avec la chanson Let It Go de la Reine des Neiges. Elle arrive un peu sans prévenir et vous l’aurez donc dans la tête pendant trois jours.
Pourvu que la série ne tombe pas dans les mains des Chief Happiness Officer de la Start-Up Nation. Ils seraient capables de tout prendre au premier degré et d’accrocher des panneaux « Believe » partout dans les couloirs de leur entreprise.
Bill Lawrence a tendance à faire tourner ses copains dans toutes ses nouvelles séries. Malheureusement, pas encore de caméo du Docteur Cox ou du Concierge dans Ted Lasso.
L’Arrière-Cuisine devant Wonder Woman 1984.
Le saviez-vous ?
C’est sans doute aussi pour se venger d’une supportrice nantaise que Waldemar Kita a décidé de nommer Raymond Domenech entraîneur du FC Nantes.
À la base, le personnage de Ted Lasso a été crée par Jason Sudeikis pour un sketch du Saturday Night Live. Comme quoi avec un peu de talent, on peut transformer un sketch de 5 minutes en une fiction de 5h à peu près correcte. Mais ça, Camping nous l’avait déjà prouvé.
Trent Crimm est journaliste pour The Independent.
José Mourinho ne boit probablement pas des pintes au bar du coin et ne joue pas au foot avec les enfants dans les parcs de Londres.
Les conditions idéales pour regarder Ted Lasso :
En 4-4-2 sur son canapé.
Ce qu’il faut en retenir :
Avec tout le respect que j’ai pour Guy Roux et Aimé Jacquet, Ted Lasso, c’est quand même vachement plus classe comme nom d’entraîneur.
Si vous avez aimé Ted Lasso, vous aimerez aussi :
Les belles moustaches.
L’accent du Kansas.
Avoir confiance en vous et essayer de toujours voir les choses du bon côté (puis déprimer cinq minutes plus tard en vous disant que vous êtes une merde).
Faire appel aux Diamond Dogs pour résoudre vos problèmes de coeur.
Les fléchettes.
Les séries « fictions » sur le monde du sport (Friday Night Lights étant la meilleure).
Les séries « documentaires » sur le monde du sport (Sunderland ‘Til I Die étant celle qui rappellera plus l’univers de Ted Lasso – et pas seulement parce qu’ils sont nuls).
Le faux documentaire Mike Bassett: England Manager, culte outre-manche.
N’oubliez pas que les footballeurs qui ne peuvent être recyclés ni comme consultant, ni comme entraîneur doivent être mis dans la poubelle bleue.
Ca donne envie tout ça ! Par contre Bob « Qui a deux pouces et qui s’en fout » Kelso est sympa avant même la saison 6 de Scrubs !