La Pharmacie des Nuls : Épisode #1

Histoires librement inspirées de faits réels 

Sérendipité : fait de réaliser une découverte scientifique ou une invention technique de façon inattendue à la suite d’un concours de circonstances fortuit et très souvent dans le cadre d’une recherche concernant un autre sujet.

NB : pour parfaire l’exercice, une histoire complètement fausse s’est glissée dans l’article. Libre à vous de pronostiquer ou de tricher pour savoir laquelle.

 

Robert et le minoxidil.

 

Années 70. Robert a trente ans.
Bon bougre pas méchant mais pas très intéressant Robert a vécu jusque-là en regardant passer sa vie plus qu’en la vivant. Souvent mis à part, il est solitaire. Pour ne rien arranger, ses seuls amis deviennent ses repas et Robert fait du mal à ses vaisseaux. Son cœur commence à le lâcher. Ses cheveux, eux, se sont fait la malle depuis longtemps.
Robert entend parler d’une étude clinique pour les troubles cardio-vasculaires. Il se dit qu’il n’a rien à perdre. Sans enthousiasme ni à conte-cœur, il s’inscrit.
Martine a 20 ans. Jeune, ambitieuse et récemment diplômée, elle se rêve infirmière impliquée dans les plus grandes découvertes. Martine veut bousculer le monde.
Elle entend parler d’une étude clinique pour les troubles cardio-vasculaires. Elle se dit que c’est sa chance. Débordante d’enthousiasme, elle postule.
Robert supportait plutôt bien son traitement. Sa condition cardiaque était meilleure. Il aimait l’étude ; faire partie d’un groupe où tout le monde connaissait son prénom et s’intéressait à lui.
Martine était ravie de son nouveau travail. Elle se sentait utile. Agréable, attentionnée et toujours enjouée, elle était très appréciée de sa patientèle. Y compris de Robert.
Robert aimait beaucoup Martine. Mais Robert était un peu gauche et pas trop sûr de lui. Tous les soirs il s’endormait en se faisant la promesse que demain il trouverait le courage d’aller lui parler. Chaque matin, il s’en voulait de ne pas tenir ses promesses. « Si seulement je trouvais un signe pour me donner du courage… ».
Et signe il y eut. Oh oui ! Ne fut point Robert surpris un beau matin se mirant dans la glace, de se découvrir une chevelure des plus douces et soyeuses. Force, robustesse et agilité capillaire. Nous parlons en effet bien là de la composition capillaire breveté par Tom Cruise.
Au ciel, c’était sa chance. Robert ne tenait plus en place. C’était aujourd’hui. Caressant une dernière fois sa voluptueuse crinière, Robert se fit un clin d’œil dans le miroir et partit à la conquête de Martine.
D’un pas pressé, Robert allait alors au-devant d’une situation de laquelle découlerait deux conséquences :
–       Le bon gros vent de Martine, car même fourni capillairement parlant, Robert n’était pas très intéressant.
–       La découverte du minoxidil et de son effet dans le traitement des alopécies.

 

Mais qu’est-ce que c’est que cette matière ? 

 

Robert et le Viagra.

 

Fin des années 90.
Robert a 50 ans. Robert est chevelu. Robert est dépressif.
Sa déprime a contrebalancé tous les effets positifs que sa nouvelle coupe a pu lui apporter.
Robert se laisse aller. Il ne prend qu’à moitié son traitement pour ses problèmes cardio-vasculaires. Son état s’est empiré.
Son médecin lui fait part de son inquiétude et l’encourage à faire partie d’une étude clinique qui va bientôt démarrer. Une nouvelle molécule, le sildénafil, est très prometteuse dans le domaine cardiaque. Et puis, après tout, voir du monde lui ferait le plus grand bien.
Sans enthousiasme ni à contre-cœur, Robert s’inscrit.
Martine a 40 ans. Martine est divorcée. Martine a deux enfants. Leur père est parti avec une infirmière plus jeune. Martine est seule.
Martine ne veut plus changer le monde, mais réussir à boucler ses fins de mois. Elle entend parler d’une nouvelle étude clinique qui lui permettrait d’accorder quelques deniers supplémentaires à son budget mensuel. Et puis, après tout, des études cliniques elle en a déjà fait.
Robert est content de retrouver une équipe qui s’occupe de lui. L’organisation de la structure lui permet de retrouver un semblant d’ordre dans sa vie. Ce n’est pas la grande forme non plus, mais c’est déjà ça. Il passe ses journées rêveur à se remémorer une belle infirmière qu’il avait rencontré lors d’une précédente étude.
Martine fait partie de l’équipe de nuit. Elle s’ennuie. Les patients ronflent, elle somnole. Elle rêve de cette Martine d’il y a vingt ans. Elle rêve d’aventure et de surprise.
Ouvrant brusquement les yeux, Robert ne comprenait pas ce qui lui arrivait en se réveillant. Il regarda le réveil : 3H du matin. Il regarda sous la couette et fut lui-même surpris du résultat. Pris de panique, il sonna l’aide des infirmières de nuit.
Martine n’en croyait pas ses oreilles. Si bien qu’elle mit quelque temps à réagir. Un patient avait besoin d’aide. Son quotidien nocturne était enfin bousculé. D’un pas élancé elle se précipita dans la chambre du malade. Et ne fut point alors Martine surprise lorsqu’elle découvrit Robert à la chevelure étincelante pourvu d’une érection qui l’était tout autant.
Cette histoire n’arrangea évidemment pas les affaires de Robert mais permis de découvrir le premier médicament contre l’impuissance masculine. Le Viagra était né.

 

Quand tu découvres au hasard d’un script que tu n’es pas obligé de ne jouer que des rôles de psychopathes. 

 

Robert et le lopéramide.

 

Années 2000.
Robert se sent plus que jamais seul à l’aube du nouveau siècle.
Il va bien au bal ou aux soirées célibataires, mais Robert bloque. Il bégaye, bafouille lorsqu’il rencontre une fille qui lui plait. Pire, il est désormais pris de violentes diarrhées lorsqu’il sait que le moment fatidique d’une rencontre approche.
Robert est fatigué de tout cela. Sur une échelle de 0 à 10 il se noterait « pas top ».
Son médecin s’inquiète. Il sent Robert de plus en plus déprimé et ne sait pas quoi faire. Anti-dépresseurs, anxiolytiques, tout semble vide de sens pour Robert.
Au détour d’un bal pour fêter la nouvelle année, Robert rencontre un sympathique jeune homme avec qui il partage, pour essayer, quelques substances illicites. Il lui explique qu’il tire son stock au travail de sa mère, Martine, infirmière. Robert l’écoute avec attention mais son esprit déjà flotte vers des cieux plus cléments après sa cinquième prise de lopéramide.
Robert se sent léger. Robert se sent libéré. Robert n’a plus de soucis. Robert plane.
Robert entretien désormais un contact régulier avec son fournisseur. Chaque jour, Robert aime désormais sa vie. Plus fabuleux encore, il sent se même prêt à reprendre les rencontres.
Au bal des pompiers de son village, Robert se dit que c’était sa chance. Eau de cologne, col repassé, gomina soigneusement appliquée, ce soir c’était son soir. Preuve en était, il n’avait même pas eu la diarrhée de la journée.
Ne fut point alors surpris son médecin le lendemain découvrant un Robert effondré dans son cabinet. Après un long récit de ses récentes péripéties et de son nouvel échec sentimental la nuit dernière son médecin conclut deux choses :
–       Si Robert ne rencontrait toujours pas l’amour c’est parce qu’il ressemblait désormais à un toxicomane,
–       Robert, avec ses conneries, venait de mettre en évidence la propriété anti-diarrhéique du lopéramide.

 

Une réflexion au sujet de « La Pharmacie des Nuls : Épisode #1 »

  1. Alors perso j’hésite pour le fake entre la 1 et la 2, mais vu les contre indications du viagra chez les malades cardio vasculaires, je pencherais plus pour la 2…Mais j’ai le doute…

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