Notation :
50 shades of black : + + + + +
Travaux de voirie : + + + + + + + + + + + + +
Violences policières : + + + + + + +
Thomas Tourelle : – – –
Gogogadgeto grappin : + + + + + +
Lumière du jour : – – – – – – – – –
De quoi ça parle :
Batman : Arkham Knight est le troisième et dernier volet des aventures du milliardaire le plus dépressif du monde vu par le studio de jeu-vidéo Rocksteady Studios. Sorti en 2015, il fait suite à Arkham Asylum (2009) et Arkham City (2011).
Dans cet opus, les habitants de Gotham coulent des jours heureux après la mort du Joker quelques mois plus tôt. Mais comme il s’agit d’un jeu Batman et pas de Sim City, il faut bien que les choses tournent mal. C’est ainsi que l’Épouvantail se met à menacer de disperser sur toute la ville son célèbre gaz (dis comme ça, c’est dégueulasse mais c’est pas ce que vous croyez). Pour rappel, ce dernier a la particularité de confronter les gens à leue pire cauchemar. Imaginez des milliers de personnes hallucinant soudain devant des araignées, des serpents ou des Gérald Darmanin géants.
Ne pouvant s’y résoudre et craignant un chaos total, la police fait évacuer la ville puis bat en retraite. Alors que les grands et les petits criminels profitent de l’occasion pour se donner rendez-vous à Gotham, Bruce Wayne enfile son masque avec une mission simple : arrêter tout ce bordel et rentrer à temps pour pouvoir assister à Télématin.
Se donner autant de mal sur des détails pour rendre la ville hyper-réaliste et faire une lune de cette taille…
Les points forts :
- Les personnes rejetant toute autre version de Batman qu’une version ultra-dark où le Chevalier Noir est dépressif, borderline et vit dans un Gotham où il n’a pas fait beau depuis 1987 en auront pour leur argent.
- Cet épisode sonne comme un bouquet final avec la présence de la plupart des personnages les plus iconiques de l’univers Batman (le Pingouin, Double Face, Catwoman, Poison Ivy, etc). Même le Joker, pourtant mort dans l’opus précédent, est très présent puisqu’il devient le Jiminy Cricket sous LCD de Batou.
- Il vous faudra de longues heures de jeu pour le terminer à 100%, d’autant plus que Rocksteady a continué à ajouter des contenus après la sortie, ce qui permet de débloquer des missions secondaires. N’hésitez pas à les garder sous le coude pour le quatrième ou cinquième confinement.
- Les graphismes sont très réussis et plongent bien dans l’atmosphère lourde, puante et crasseuse de Gotham. Ou alors c’est parce que j’ai joué trop longtemps et j’ai oublié de prendre une douche.
- Le jeu est à la frontière de plusieurs styles et le gameplay offre de quoi s’amuser pendant de longues heures. Entre les courses de Batmobile, les missions plutôt axées « infiltration », celles où on peut bourriner un peu, celles plus stratégiques de l’Homme-Mystère, la partie « enquête » avec le tueur en série, etc. Globalement il y en a pour tous les goûts.
- Niveau écriture et doublage, c’est très réussi. Aussi bien en VF (interprété par Pierre Hatet, dont c’était la dernière apparition en tant que Joker puisqu’il est mort peu après) qu’en VO (interprété par Mark Hamill). D’ailleurs, puisque c’est d’actualité, vous devriez pouvoir retrouver quelque part sur la toile des tweets de Donald Trump lus par Mark Hamill avec la voix du Joker. Une preuve de plus qu’il aura peut-être pas fait grand chose pour les États-Unis, mais beaucoup pour l’humour sur Internet.
- Tout est extrêmement précis et complet. Le niveau de détail (visuel ou sonore) accordé à chaque élément est assez fou, que ce soit dans le design de la ville, des rues, des panneaux publicitaires, et même des menus avec la carte, la bio de tous les personnages, etc. Quand on est fan de Batman, c’est un peu Disneyland tant il y a de clins d’oeil ou de références au matériel de base.
- S’accroupir sur une gargouille à 150m du sol et prendre un air ténébreux pendant que la pluie fouette votre visage.
Pas ouf Dirty Dancing 3…
Les points faibles :
- Les Inrocks ont bien résumé mon sentiment dans un article lors de la sortie du jeu : jouer à Batman, c’est un peu avoir l’impression d’aller au boulot. Ok, l’univers est cool, le gameplay est très sympa, l’histoire plutôt chouette, mais quand on joue, bien qu’on soit dans un open world, on a l’impression de subir en permanence. C’est peut-être dû à l’atmosphère du jeu ou au fait que je sois globalement nul en jeu-vidéo, mais même quand je réussissais à bien avancer, au moment d’éteindre la console, j’avais l’impression d’être énervé par ce que j’avais dû faire. Là où des jeux comme Assassin’s Creed ou Red Dead Redemption 2 permettent des temps de « respiration », où on peut s’amuser un minimum en profitant du paysage, en personnalisant son personnage, en rencontrant des PNJ ou en jouant au poker entre deux missions, ici vous n’avez pas vraiment le choix (trainer dans les rues de Gotham n’ayant pas grand intérêt). Au delà de la quête principale, vous vous surprenez donc souvent à vous dire « Bon, qu’est-ce que je vais faire de pas trop chiant maintenant ? »
- Un certain nombre de missions sont particulièrement reloues. En tête : les combats de Batmobile, les forts de la Milice et leurs tourelles, ou les énigmes/trophées de l’Homme-Mystère. Pour ce dernier, il y en a pas moins de 270 dans toute la ville. Et je ne suis peut-être pas être assez cérébral ou obstiné, mais au bout de 30, on est à bout de nerfs. La solution est peut-être de se concentrer en priorité sur la quête principale pour bien vivre « l’urgence » du scénario et ne pas vous perdre dans les nombreuses quêtes secondaires et la carte gigantesque. Au final, Arkham Asylum était probablement plus réussi et équilibré de ce point de vue.
- Le jeu manque peut-être de moments un peu « iconiques » ou marquants. Même les combats de boss sont assez anecdotiques contrairement aux opus précédents où certaines bagarres (contre Mister Freeze par exemple) demandaient un peu plus de boulot et de stratégie. Le seul affrontement mémorable ici est celui en Batmobile contre le Chevalier d’Arkham, et pas dans le bon sens du terme. Pensez à éloigner les objets contondants à portée de main avant de vous lancer.
- En parlant de lui, l’intrigue autour du Chevalier d’Arkham est un poil décevante. Si vous avez lu la BD, vous connaitrez son identité, ce qui gâche un peu le plaisir.
- C’est sympa d’avoir mis tout un répertoire de gadgets à disposition pour accomplir les différentes missions, mais les enchaînements Treuil / Piratage à distance / Gel Explosif / Batarang / Re-piratage à distance, au bout d’un moment, ça casse les couilles.
- Entendre les méchants discuter dans la rue, c’est rigolo au début. Mais comme le jeu dure très longtemps, au bout d’un moment ce sont les mêmes dialogues qui passent en boucle et ça devient franchement exaspérant. Heureusement qu’on peut les tabasser pour évacuer sa frustration.
- Si on se fie au personnage de Catwoman, les différentes polémiques sur le design des personnages féminins dans les jeux-vidéo n’avaient pas encore atteint les studios de Rocksteady en 2015.
- Le budget pour remettre la ville en état à la fin du jeu. Vu les impôts locaux qu’ils vont se taper, pas sûr que les habitants voudront revenir de toute façon, donc à quoi bon…
Marcel Morceau, l’étonnant super-méchant de ce nouvel opus
Le saviez-vous :
- Vous pouvez tirer sur les malfrats qui passent avec le canon de la Batmobile. Mais pas d’inquiétude, Batman ne s’assoit soudainement pas sur ses principes, c’est non-létal. Même si on peut un peu en douter quand on voit les mecs se faire projeter trente mètres plus loin et ne pas se relever.
- À Gotham, ils passent à l’heure d’hiver toutes les heures, ce qui fait que la nuit dure six mois (et ce qui permet à Batman de régler tous ces problèmes avant le petit matin).
Les conditions idéales pour jouer à ce jeu :
Dans le noir.
La présence d’Alfred fait d’Arkham Knight un jeu du genre « Cape et pépé ».
Ce qu’il faut en retenir :
Batman aurait mis moins de 45 minutes à faire évacuer Notre-Dame-des-Landes. Peut-être un peu plus car on peut soupçonner qu’il aurait eu des problèmes de 3G ce qui l’aurait privé d’une partie de ses gadgets.
Si vous avez aimé ce film, vous aimerez aussi :
- Être confiné pendant trois ans pour venir à bout des défis de l’homme mystère et accéder à la scène cachée sans tricher.
- Les BD Batman. Les films Batman. Les dessins-animés Batman. Les fringues Batman. Les jouets Batman. Les produits dérivés Batman. Les sextoys Batman. J’ai dû vérifier avant de faire la vanne, mais ça existe. C’est un monde étrange.
- La Nuit sera Calme de Romain Gary. Pour changer.
- Le jeu Spiderman. Assez similaire dans le style, sauf qu’il fait jour.
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