Ciné Club Sandwich – Malcolm & Marie

Malcolm & Marie de Sam Levinson (2021)

Notation :

Reviens ici, j’ai pas fini !!! : + + + +

Moi moi moi : + + + + + + +

Pâtes trop cuites : – – – – 

Des mots sur des maux : + + +

De quoi ça parle :

Alors que le cinéma français décidait d’exploiter le confinement pour nous offrir Connectés, un « thriller sur Zoom avec Stéphane De Groodt et Claudia Tagbo », Sam Levinson, le créateur de la série Euphoria s’enfermait dans une (grande) maison californienne avec une équipe réduite pour écrire et tourner Malcolm & Marie, un drame en huis-clos tout en noir et blanc avec seulement deux acteurs, des plans-séquences et des longues tirades profondes sur la vie et l’amour.

L’histoire démarre alors que Malcolm (John David Washington, vu récemment dans Tenet) rentre avec Marie (Zendaya) de la projection presse de son nouveau film « Imany » qui raconte l’histoire tragique d’une femme noire qui lutte contre son addiction à la drogue. Les premiers retours sont excellents et Malcolm a tout pour être heureux, soulagé, et vouloir célébrer ça avec l’amour de sa vie. Léger problème cependant, lors de son discours d’avant-film, il a remercié à peu près tout le monde, y compris le stagiaire du stagiaire assistant réalisateur et son institutrice de CM1, mais pas Marie, qui l’a pourtant soutenu tout au long du projet et dont la vie a légèrement inspiré le personnage du film. 

S’en suivent 1h45 d’engueulades et de règlements de compte, qui vont peu à peu les pousser à remettre en question leur couple, leur vision de l’autre, et leur vision d’eux-mêmes.

« Il est tellement relou. Perso, je ne demande qu’une chose : pouvoir regarder PSG-OM sans te faire emmerder. »

Les points forts du film Malcolm & Marie :

  • Grâce à ses dialogues et sa mise en scène, le film est très intense et on en vient parfois à se demander si on regarde un film d’auteur ou un Rocky
  • Les deux acteurs sont excellents, bien que le film soit affreusement casse-gueule puisqu’ils sont dans l’émotion extrême (que ce soit la colère ou la tristesse) tout en récitant des longs monologues et en étant filmés en gros plan. 
  • De manière générale, la réussite du film est d’ailleurs de réussir à embarquer le spectateur au milieu de la dispute sans qu’il se sente extrêmement mal à l’aise face à ce déballage qui ne le regarde pas, comme lorsqu’un de vos couples d’amis s’engueule devant tout le monde en plein repas. Il faut dire que Malcolm et Marie sont riches, beaux, cultivés et tous les deux particulièrement égocentriques, ce qui aide à ne pas trop se sentir concerné par leurs petits problèmes.
  • La photo et la réalisation du film sont très belles et subliment tout, du décor aux acteurs, bien que les concernés soient déjà assez beaux naturellement pour en avoir réellement besoin. 
  • Le film offre des réflexions intéressantes sur le cinéma, la critique de l’art, les inspirations, le talent, etc. Même si on peut parfois se demander si le propos n’est pas autant de la branlette intellectuelle que la branlette intellectuelle qu’il dénonce à d’autres moments.
  • Malcolm est un peu un connard, mais au moins il a des bons goûts musicaux. 
  • Les Inrocks n’ont pas trop aimé le film. Sans doute car ils se sont clairement sentis visés par le personnage de la journaliste blanche intello qui intellectualise et politise tout et qui se fait traiter de débile (par le personnage mais surtout par le réalisateur, personne n’est dupe) pendant tout le film. 
  • Même Platon et Socrate ne devaient pas s’engueuler aussi bien.

 » JE NE M’ÉNERVE PAS. JE TROUVE JUSTE ABERRANT QU’ON PUISSE PLACER « LE LOUP, LE RENARD ET LA BELETTE » AVANT « LA CONFESSION » DANS LA DISCOGRAPHIE DE MANAU. J’AI LE DROIT, NON ? »

Les points faibles du film Malcolm & Marie :

  • Le film peut paraitre un peu long, surtout que la mécanique est toujours la même (ils s’engueulent, commencent à se réconcilier et oh, non, attends, l’un des deux va balancer une petite pique qui va à nouveau tout faire péter) donc on voit venir les disputes et sur la fin, on a qu’une hâte, c’est qu’ils se réconcilient ou s’entretuent et qu’on en parle plus. Résultat, on en ressort aussi épuisés qu’eux sauf qu’eux n’ont pas dormi de la nuit alors que nous on a juste regardé un film d’1h45. 
  • Les disputes sont aussi improvisées que les battles de Rap Contenders. On sent que chacun a son round et que l’autre le laisse faire son monologue pendant 10 minutes en encaissant les coups. N’importe qui ayant regardé une émission de débat sur CNEWS sait qu’une telle capacité d’écoute est humainement impossible.
  • Le film aborde de manière intéressante quelques questions chères au Hollywood actuel (le male gaze, la politisation systématique des films de réalisateurs noirs…), mais aucun propos sur les différences d’âge récurrentes entre les acteurs et les actrices à l’écran. Car ici Zendaya et John David Washington ont 14 ans d’écart alors que leurs personnages semblent avoir le même âge. 
  • Les embrouilles de couples dans « Les Marseillais à Ibiza » sont moins intellos mais elles sont plus marrantes.
  • Quand on est Parisien, il est difficile de s’identifier à un couple qui réussit à se perdre de vue dans son propre appartement. 
  • Aucun acteur secondaire ne tire vraiment son épingle du jeu. 

« Et voilà, en plus, l’OM a perdu 2-0 putain. »

Le saviez-vous ?

  • Pour les gens qui aiment se définir comme « personne cherchant à éviter les conflits », ce film est le nouveau Massacre à la Tronçonneuse ou Les dents de la mer.
  • Si le film est un succès et qu’on est reconfinés, Sam Levinson fera une suite de 2h30 où Malcolm et Marie s’engueulent parce qu’il découvre que Marie a mis de la crème fraiche dans la carbonara.
  • Dans la version Blu-Ray du film, il y aura une version commentée, non pas par le réalisateur, mais par les commentateurs habituels du catch sur AB1 qui commenteront en direct la dispute des deux personnage. 
  • Malcolm a plus de chance de faire un film L’Égo que Lego.

Les conditions idéales pour regarder Malcolm & Marie :

En étant célibataire.

Ce qu’il faut retenir :

Ce film est sans doute le film qui contient les plus longs préliminaires de l’histoire du cinéma.

Si vous avez aimé Malcolm & Marie, vous aimerez aussi :

  • Faire pipi dehors.
  • Sortir avec des gens qui ont une vie chiante, mais qui au moins sont gentils.
  • La scène de la dispute entre Scarlett Johansson et Adam Driver dans Marriage Story. C’est la même chose mais en version 15 minutes au lieu d’1h45. 
  • La Grande aventure Lego. 

« Non mais « La Confession » quoi. C’est un classique. Au moins dans le Top 3 avec « L’avenir est un long passé ». Il faut vraiment que je quitte cette meuf.« 

Laisser un commentaire