Une série de David S. Goyer et Josh Friedman (Apple TV, 2021)
Notation :
Vaisseaux qui font piou-piou : +
Empire Galactique : + + + +
Alliance Rebelle : – – – –
Temps perdu dans les transports : + + + + + + +
De quoi ça parle ?
Des milliers d’années après notre ère, l’humanité a colonisé l’ensemble de l’espace. Ces grandes conquêtes ont donné naissance à un immense empire galactique dirigé par trois empereurs, qui sont en fait une seule et même personne clonée à trois âges différents. Rien ne semble pouvoir faire vaciller la toute puissance de l’Empire. Pas même l’arrivée de Michel Drucker et ses avis « sans tabou et sans langue de bois ! » sur Twitch pour la 15 000ème saison de « Vivement dimanche prochain ».
Pourtant, Hari Seldon (Jared Harris), un universitaire spécialiste de la psychohistoire, une discipline qui permet de prédire le futur grâce aux mathématiques (et un peu de bon sens), annonce la chute prochaine du régime. Un effondrement inéluctable qui, selon lui, plongera le monde dans le chaos et les ténèbres pendant près de 30 000 ans.
Il offre néanmoins une solution pour réduire la durée de cette période sombre à seulement 1000 ans : créer une colonie – appelée Fondation – sur une planète inhabitée à l’autre bout de la galaxie, avec pour mission, au fil des siècles, de sauvegarder l’ensemble des connaissances humaines. Le tout afin qu’au moment de la chute, l’Empire puisse se reconstruire beaucoup plus rapidement malgré l’absence des tutos Youtube à disposition.
Les points forts de Fondation :
- Il y a du budget. Du très gros budget. Si vous vous demandiez où passait l’argent de vos adaptateurs Apple à 30 balles, vous avez une partie de la réponse. Visuellement, rien à dire, c’est magnifique. La représentation des planètes et des vaisseaux, en passant par les costumes et la photographie, Apple a sorti le grand jeu et il est difficile de trouver beaucoup mieux à la télé en ce moment.
- On retrouve les grandes idées de base du livre de Isaac Asimov, comme la psychohistoire. Bon, en réalité, c’est à peu près le seul truc fidèle au matériel de base et ils auraient pu mieux l’exploiter, mais vue les libertés prises, c’est déjà bien qu’ils en parlent un peu.
- Il y a aussi quelques (bonnes) idées nouvelles par rapport aux livres, comme le concept des trois empereurs. D’ailleurs, Frère au Grand Jour (l’empereur à l’âge adulte) est particulièrement bien interprété par Lee Pace, dont on a l’impression de découvrir le visage alors qu’il a déjà joué (très maquillé) dans Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit ou Les Gardiens de La Galaxie.
- Jared Harris, déjà vu dans Chernobyl, est aussi très convaincant dans le rôle du charismatique Hari Seldon. Il faut dire qu’il commence à avoir l’habitude de gérer des catastrophes.
- Si vous vous abonnez à Apple TV pour voir Fondation et que vous êtes déçus, vous pourrez vous rabattre sur Ted Lasso et avoir le sentiment d’avoir fait un très bon investissement malgré tout.
Les points faibles de Fondation :
- Dire « Le livre est beaucoup mieux que la série » vous fera passer pour un mec relou alors que 99% des gens qui ont lu les livres avant de voir la série disent la même chose, ce qui laisse penser que c’est une affaire de lucidité plus que de snobisme.
- Dans le livre, chaque chapitre est comme une nouvelle et il s’écoule parfois plusieurs décennies entre deux chapitres. Évidemment, c’est compliqué à adapter en série parce que s’il y a des nouveaux héros à chaque épisode, les spectateurs ont du mal à s’attacher. Du coup, la série traîne beaucoup en longueur pour justifier les 10 épisodes qui couvrent à peine le premier tiers du premier livre, et souvent, on se fait chier.
- Pour gagner en profondeur, la série n’hésite pas à explorer des thématiques comme le pouvoir, la responsabilité ou le sens de la vie. C’est pas inintéressant, mais au bout de huit épisodes avec des personnages qui regardent au loin d’un air contrarié en échangeant des répliques mystérieuses, on finit par trouver le temps long.
- L’ajout d’intrigues sentimentales aurait pu rendre le tout un peu moins froid, mais là aussi c’est plutôt raté et ça n’apporte pas grand chose. Globalement, bonne chance pour avoir un « personnage préféré » en regardant la série.
- Pour la série, deux personnages masculins sont devenus des femmes. De ce point de vue là, pas de problème. Par contre, là où les deux personnages des livres sont représentés comme particulièrement brillants et malins, ici, elles deviennent des sortes d’élues avec des dons et des pouvoirs, ce qui trahit le propos de base sur le rôle de la science, la logique, etc en période de crise. Et ce n’est pas Didier Raoult qui dira le contraire.
- Le générique est très beau, mais comme on sait que l’épisode va déjà nous paraitre long, on a tendance à le passer vite pour gratter quelques minutes. Il parait que certaines femmes ressentent la même chose avec les préliminaires pendant un rapport sexuel.
Le saviez-vous :
- Plusieurs millions de planètes habitées, un trillion d’habitants : la coupe du Monde de foot sera vraiment trop cool dans 20 000 ans.
- David S. Goyer a prévu 8 saisons pour mener l’histoire à bien. Et malgré des critiques partagées, Apple TV a confirmé la saison 2 et espère toujours faire de Fondation la nouvelle Game Of Thrones. Notre conseil pour y arriver : plus de dragons et de gens à poil.
Les conditions idéales pour regarder cette série :
Sans avoir lu les livres.
Ce qu’il faut retenir :
Quand on voit Fondation et I Robot, on se dit que si Isaac Asimov était si visionnaire que ça, il aurait interdit les adaptations de ses bouquins.
Si vous avez aimé Fondation, vous aimerez aussi :
Faire de la randonnée en pleine chaleur.
Faire de la psychohistoire. Grâce à mes modestes compétences en la matière, je peux par exemple déjà vous dire qu’un Français ne gagnera pas Roland Garros en 2022.
Les trucs beaux mais chiants qui se passent dans l’espace, comme Ad Astra, Dune ou Thomas Pesquet.
Admettons-le l’argent et l’idéologie ne font pas tout. La propagande n’a jamais donné de belles œuvres. Je suis un fan de Fondation que j’ai lu 6 ou 7 fois et de Asimov, massacrer une telle œuvre c’est juste criminel, d’autant que la respecter n’aurait rien enlevé à la qualité finale. Le féminisme imbécile est passé par là et c’est bien regrettable. Ça sera sans moi.
Bonne analyse. Notamment sur la perte d’intérêt des personnages principaux qui ne doivent plus leurs succès à leur talent mais à une force quasi-mystique.
Sinon, contrairement au précédent commentateur, la présence de femmes dans une œuvre de fiction ne m’empêche pas de dormir et je ne me sens pas menacé dans ma petite masculinité face au féminisme.
Bisous tout le monde.
Merci pour le commentaire, ça fait plaisir. Comme dit dans la fiche, la présence de femme ne m’a pas dérangé non plus !
Super critique, tu as parfaitement résumé ce qui allait et (surtout) ce qui n’allait pas dans cette série.
Je découvre l’arrière-cuisine grâce à toi et je suis ravi !
Merci bc en tout cas, je ne sais pas si tu liras ce commentaire mais continue à poster des critiques aussi bien écrites, c’est un régal à lire !
Merci beaucoup pour ton commentaire ! On n’a pas été très actifs ces derniers mois (on expliquera prochainement pourquoi) mais on va recommencer à écrire régulièrement pour le site donc n’hésite pas à nous rendre visite de temps en temps ou à nous suivre sur les réseaux pour ne rien rater ! 😉