Ciné Club Sandwich – Dune (2021)

Citation :

« Les rêves font de bonnes histoires. mais le plus important se produit quand on est réveillé ».




Notation :

Planète du désert : +

Jeune homme élu : +

Empereur diabolique : +

Méchants à masques bruyants : +

Luke Skywalker : –

Festival interceltique de Caladan : ++

Duncan Idaho : ++++

Timothée Chalamet dans Dune de Denis Villeneuve.
Timothée Chalamet saisissant dans le rôle du Louis Garrel de l’espace.

Qu’est-ce que ça raconte ?

Dans une galaxie lointaine, très lointaine, mais pas celle à laquelle vous pensez (même si ici aussi il y a des planètes désertiques et Oscar Isaac), nous suivons les aventures de Paul Atréides (Timothée Chalamet). Paul est un ado comme les autres, il admire son papa le Duc Leto (Oscar Isaac, donc), fait l’école à la maison avec sa maman Jessica (Rebecca Ferguson), aime bien jouer à la bagarre avec ses mentors, marche sur la plage avec un air mélancolique et rêve régulièrement d’une petite meuf aux tenues exotiques (Zendaya). Après tout, les hormones sont les mêmes au 11e millénaire.


Malheureusement, cette famille en or s’apprête à déménager sur l’inhospitalière planète Arrakis, dont Le Duc Leto vient de récupérer le contrôle au dépens de la maison rivale des Harkonnen. Il faut dire que l’endroit est particulièrement stratégique, car on y trouve en grande quantité l’Epice, une substance indispensable à la marche de l’Empire et qui sert à peu près à tout : faciliter les voyages, spatiaux, aromatiser une tisane nuit douce ou encore se défoncer sévère, au point d’entrevoir le futur lors d’un bad trip.

Entre les pièges tendus par les ennemis des Atréides, les vers des sables géants et le peuple autochtone fier et indépendant, Paul ne peut compter que sur sa maman, sa relation compliquée avec l’autorité, et surtout une prophétie ancienne qui le présente comme le Messie.

Zendaya dans Dune de Denis Villeneuve
« Si tu vas sur Arrakis, on va essayer de tuer ta famille, tu vivras dans des grottes et tu devras survivre en buvant ta pisse. Par contre, tu pourras sortir avec Zendaya. » Paul a fait le choix qu’on aurait tous fait.

Les points forts :

  • Tout est beau. Les décors sont stupéfiants, les acteurs splendides, certains plans sont aussi grandiloquents qu’une pub de parfum, il ne manque plus que Johnny Depp susurrant « SAUVAAAAAGE ». Par conséquent, à la fin, quand le les lumières se rallument dans la salle, c’est difficile de revenir à la réalité en constatant que les gens assis à coté de vous sont moches.

  • Denis Villeneuve cherche ici à sortir l’adaptation la plus fidèle possible au bouquin. Ca se voit, ça se sent. Surveillez la salle, vous devriez pouvoir reconnaître les fans à leurs petits râles de satisfaction.

  • Le film prend le temps de poser l’univers, les enjeux politiques, les personnages, sans jamais trop sur-expliquer. Et sans laisser dans le flou ceux qui n’ont jamais lu le livre. Vu le bordel du matériau de base, il faut souligner la prouesse.

  • Le film a ses moments contemplatifs qui raviront les fans de Denis Villeneuve. Mais aussi quelques scènes d’action rares mais plutôt bien foutues.
Attention, tu vas te faire pincer très fort !
  • Le casting est très prestigieux et tout le monde est bon. Même Timothée Chalamet s’en sort bien dans le rôle casse-gueule du mec qui a le poids de la galaxie sur ses épaules et qui tire tout le temps la tronche.

  • Duncan Idaho est un peu le MVP du film. En même temps en demandant à Jason Momoa de venir et de ne rien faire de particulier, si ce n’est avoir l’air badass et être fort en bagarre, il y a peu de chance de se tromper.

  • -Hans Zimmer a composé la bande originale la plus Hans Zimmer possible. Si vous êtes fans, vous serez ravis.

Jason Momoa dans Dune de Denis Villeneuve
Un des rares hommes au monde qui ne perd pas en charisme quand il se rase la barbe.

Les points faibles :

  • Hans Zimmer a composé la bande originale la plus Hans Zimmer possible. Avec essentiellement des percussions, des bruits stressants, des gens qui crient et même du biniou crispant (pléonasme). Si vous n’aimez pas, vos oreilles vont souffrir.

  • Au vu des effets spéciaux, le design des boucliers est un peu pourri. Certes, comparé au Lynch, c’est un peu l’Iphone 13 par rapport à la première Atari, mais c’est pas une excuse.

  • C’est quand même dommage d’embaucher Rebecca Ferguson et de ne pas lui donner un rôle plus physique. A part une brève séquence on ne voit pas trop Dame Jessica botter des culs et pourtant elle est censée savoir y faire dans le domaine.

  • Les acteurs sont beaux, les décors sont beaux, les images sont belles… mais on ne ressent pas des masses d’émotions ou d’attachement pour les personnages. Ceux qui ont trouvé Blade Runner 2049 « beau mais chiant » ou « beau mais froid » risquent de retrouver cet aspect.

Josh Brolin dans Dune de Denis Villeneuve.
Pour vous dire à quel point tout le monde est beau dans ce film, Josh Brolin est censé jouer un gars moche.

  • C’est très fidèle au livre, mais par conséquent, il manque aussi un peu d’un grain de folie, de surprises, d’un vrai souffle space opera là où David Lynch osait beaucoup plus (pour se planter la plupart du temps, mais on salue quand même l’effort). On sent que Denis Villeneuve avait un peu peur de se faire lyncher par les seuls fans au monde plus intolérants que ceux de Star Wars.

  • Autre inconvénient de cette fidélité au bouquin, la dernière partie du film est beaucoup moins rythmée, et se termine sans véritable climax, de façon complètement plate.

  • On abuse peut-être un peu des scènes de vision de Paul avec les épices, comme pour nous teaser une suite dont on ne sait toujours pas si elle verra le jour.

  • Vu qu’on se limite au premier bouquin, certains auront peut-être l’impression d’avoir affaire à une énième histoire d’Elu qui doit sauver le monde, avec un bon petit côté White Savior qui passe mal en 2021. Bon, c’est plus complexe que ça dans les livres suivants, mais encore faut-il le savoir.

Le ver des sables dans Dune de Denis Villeneuve.
Moi, un intellectuel « quel plaisir de voir enfin le majestueux ver des sables enfin bien représenté sur grand écran ! » vs Moi, toujours 8 ans d’âge mental « Hihihi c’est un anus ».

Le saviez-vous :

  • Si Denis Villeneuve avait VRAIMENT voulu nous faire flipper, il aurait fait jouer Isabelle Huppert à la place de Charlotte Rampling. Soyons reconnaissants.

  • Des milliers d’ados apprennent la litanie contre la Peur sans pour autant savoir ce que signifie « Oblitération Totale ».

  • Normalement, le Dr Liet Kynes est un homme. Mais inutile de crier au wokisme : dans Dune, à part certains personnages pour lesquels le genre est TRES TRES TRES IMPORTANT, pour tous les autres, ça n’a aucune importance.

  • Voir Jason Momoa dans le désert nous a rappelé Aquaman et cette reprise incroyablement embarrassante de « Africa » de Toto par Pitbull. Et par ricochet, que le groupe Toto avait signé la bande originale du Dune de David Lynch. La boucle est bouclée.

Dave Bautista dans Dune de Denis Villeneuve.
Deuxième apparition de Dave Bautista dans un film de Denis Villeneuve. Du coup je me demande, Denis Villeneuve est-il fan de catch ? A-t-il vu Big Dave contre l’Undertaker à Wrestlemania 23 ? Un esthète comme lui ne peut avoir qu’apprécié ce chef d’oeuvre.

Les conditions idéales pour regarder ce film :

En rentrant de la plage, bien serré dans votre stillsuit, avec un peu de sable dans la raie des fesses.
Surtout, sur le plus grand écran possible.



Ce qu’il faut en retenir :


Entre les siècles d’eugénisme soigné pour provoquer génétiquement un sauveur blanc à prénom de boulangerie, et l’inspiration musulmane chez les Fremen qui parlent d’un jihad sanglant, ce film plaira peut-être à Eric Zemmour et un tas de nazis pour toutes les mauvaises raisons.


Charlotte Rampling dans Dune de Denis Villeneuve.
Et on dit merci à la collection Decathlon X Bene Gesserit pour ce beau hijab de running.

Si vous avez aimé ce film, vous aimerez aussi :

  • Demander ce qu’il y a dans vos cadeaux de Noël avant d’ouvrir la boîte.

  • Changer les intonations de votre voix pour forcer votre maman à vous obéir quand vous voulez reprendre du dessert

  • (Re)lire les bouquins.

  • Revoir le documentaire Jodorowsky’s Dune. On sait tous que le film aurait été complètement pété, mais quel projet fascinant quand même.

  • Boire un verre d’eau en renversant quelques gouttes pour vous sentir riche

  • Taper en rythme sur le lombricomposteur de votre immeuble pour faire sortir les vers et vous sentir puissant.

  • Boire votre pisse et votre transpiration pour survivre dans le désert.

  • Échapper aux vers des sables grâce au ministère des démarches stupides.

Oscar Isaac dans Dune de Denis Villeneuve.
Avoir un père comme ça c’est quand même un coup à faire un Œdipe inversé.

3 réflexions au sujet de « Ciné Club Sandwich – Dune (2021) »

  1. « Les seuls fans au monde plus intolérants que ceux de star wars »… ^^ C’est pas faux !

    Sinon je partage votre avis. Tout est impec, les acteurs et les images sont magnifiques, mais ça manque un peu de rythme à la fin, et c’est vrai qu’on abuse un peu des visions (celles de zendaya étaient légèrement too much je trouve). Le film est un peu froid aussi c’est vrai.

    Après j’ai personnellement été assez parasitée par le fait que j’avais constamment le film de Lynch en tête (j’ai du le voir une bonne vingtaine de fois dans ma vie), même si je trouve que celui de Villeneuve est incontestablement plus beau, et réussi, disons le.

    Une question : je ne me rappelle pas si dans le livre il existe le pistolet mentionné à la fin, je n’en suis pas persuadée. Si ces pistolets viennent remplacer les modules étranges de Lynch je trouve ça dommage car les modules étranges n’existaient pas dans le livre, ça j’en suis sure. Les fremen, c’est la foi alliée au pouvoir brut, «  lo-fi », de la nature face à la technologie sans âme de l’empire et des harkonnen ! Lynch l’avait oublié en les dotant de modules étranges et avait ainsi dénaturé selon moi le discours du livre. Bref. Je vais vérifier cette historie de pistolet. Sinon j’aime bien votre site, c’est le premier commentaire que je mets, et j’ai même acheté votre livre sur le ciné, d’occase parce qu’on le trouve plus neuf…. Bonne continuation à vous

    1. Merci beaucoup ton commentaire et les compliments ! Le film de Lynch est raté mais c’est un ratage bizarre et fascinant qui m’a aussi laissé quelques souvenirs vifs. Il y a aussi certaines scènes clefs (comme celle de la boîte) que je trouve un peu plus puissantes dans cette version. Mais la voix off reloue, toute la dernière partie du livre expédiée en 15 minutes et Sting qui grimace en slip c’est quand même difficile.

      Pour le pistolet, je n’ai lu que le premier livre et il me semble que c’est mentionné (mais pas utilisé ?). Après recherche rapide :  » Arme conçue exclusivement pour le combat rapproché. Le pistolet maula était une arme à ressort – arme de poing – qui pouvait tirer des fléchettes empoisonnées, de manière précise, à une distance de 40 mètres. Une arme populaire chez les assassins et les guérilleros, elle était petite et légère (mesurant 15 cm, de l’arrière de la crosse à l’extrémité du canon, et pesant entre 125 et 150 grammes) ; ses tirs faisaient peu de bruit ; et si son utilisateur était habile, il pouvait traverser un bouclier personnel. »

  2. « Les seuls fans au monde plus intolérants que ceux de star wars »… ^^ C’est pas faux !

    Sinon je partage votre avis. Tout est impec, les acteurs et les images sont magnifiques, mais ça manque un peu de rythme à la fin, et c’est vrai qu’on abuse un peu des visions (celles de zendaya étaient légèrement too much je trouve). Le film est un peu froid aussi c’est vrai.

    Après j’ai personnellement été assez parasitée par le fait que j’avais constamment le film de Lynch en tête (j’ai du le voir une bonne vingtaine de fois dans ma vie), même si je trouve que celui de Villeneuve est incontestablement plus beau, et réussi, disons le.

    Une question : je ne me rappelle pas si dans le livre il existe le pistolet mentionné à la fin, je n’en suis pas persuadée. Si ces pistolets viennent remplacer les modules étranges de Lynch je trouve ça dommage car les modules étranges n’existaient pas dans le livre, ça j’en suis sure. Les fremen, c’est la foi alliée au pouvoir brut, «  lo-fi », de la nature face à la technologie sans âme de l’empire et des harkonnen ! Lynch l’avait oublié en les dotant de modules étranges et avait ainsi dénaturé selon moi le discours du livre. Bref. Je vais vérifier cette historie de pistolet. Sinon j’aime bien votre site, c’est le premier commentaire que je mets, et j’ai même acheté votre livre sur le ciné, d’occase parce qu’on le trouve plus neuf…. Bonne continuation à vous !

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