The Harder They Fall de Jeymes Samuel (2021)
Disponible sur Netflix.
Notation :
Crazy Outlaw Afro-americans : + + +
Ville en non-mixitée : + + + +
Western spaghetti : – – –
Western woke : + + + + +
De quoi ça parle :
Enfant, Nat Love (Jonathan Majors) assiste au meurtre de ses parents par Rufus Buck (Idriss Elba), un cow-boy cruel qui le marque au passage d’une croix sur le front, ce qui en plus d’être douloureux, n’est pas compatible avec sur loi de neutralité religieuse et annihile donc toutes ses chances d’être fonctionnaire en France 150 ans plus tard.
Bref, quelques années après ce tragique événement, Rufus Buck, interpellé entre temps, s’échappe de prison à l’aide de sa bande de hors-la-loi vraiment très méchants et stylés.
Nat Love, devenu lui même un hors la loi (mais qui vole aux autres hors la loi, donc ça va) décide de se venger avec l’aide de son propre crew et monte une petite expédition pour se faire justice lui-même.
Les points forts du film The Harder They Fall :
– Une bonne scène d’ouverture, avec de la tension et une bonne mise en scène. Pour garder le suspense entier, l’idéal est de ne rien savoir de l’histoire, donc de ne pas avoir lu ce qu’on a marqué juste au dessus dans le résumé. On suppose que c’est trop tard pour vous, dommage.
– L’intention de mettre en avant des cow-boys noirs qui ont vraiment existé est louable, surtout que dans l’histoire du western, ces derniers étaient souvent cantonnés à des rôles d’anciens esclaves ou de sidekicks souvent stéréotypés (il parle peu, c’est un dur à cuire, il a des compétences de médecines non traditionnelles, et souvent, à la fin, il meurt).
– Idris Elba, Regina King, Lakeith Stanfield, Zazie Beetz : le casting est stylé et tout le monde est beau et classe.
– La bande son, qui alterne entre standards de la soul, reggae et morceaux plus récents (Kid Cudi, CeeLo Green) est plutôt cool. Jeymes Samuel, lui même musicien, a aussi composé et interprété quelques titres, parce qu’après tout, on est jamais aussi bien servi que par soi-même.
Les points faibles du film The Harder They Fall :
– Jonathan Majors est très sympathique, mais c’est probablement le personnage le moins charismatique du film, derrière le figurant qui boit un whisky en arrière plan dans la scène du saloon. Un peu gênant pour le personnage principal.
– Au delà du fait que le scénario tienne en trois phrases, les dialogues sont souvent creux. Le film ne raconte pas grand chose ni sur ses personnages, ni sur son époque. On aurait pu supprimer les 1h30 au milieu du film sans que ça ne gène la compréhension ni ne change les enjeux. Du coup, les 2h15 paraissent un peu longues. Heureusement que c’est sur Netflix et pas en salles, on peut jouer à Pokémon Go en même temps.
– Certains scènes sont mal filmées et difficilement lisibles. D’autres sont carrément absurdes tant les comportements des personnages secondaires est peu cohérent. Mention à la scène du braquage de la banque et le début de fusillade finale où les héros peuvent se faire fumer 100 fois mais où personne ne tire.
– D’ailleurs, les scènes de fusillades sont plutôt ratées. Même s’il y a la tension de « qui va vivre et va mourir », on a l’impression que les personnages tirent n’importe comment. De là à faire une vanne sur Alec Baldwin, il y a qu’un pas (qu’on ne franchira pas, bien sûr).
– Si le film s’applique à cocher beaucoup de cases du genre (le scène dans le saloon, le braquage du train, la fusillade dans la ville déserte), il manque le plus important : la scène où un mec répare sa clôture. Ça n’est donc pas un vrai western.
– La musique omniprésente, la mise en scène un peu stylisée, le ton, la durée du film… Si on voulait être un peu méchants, on pourrait dire que ce film est un peu le projet qu’aurait pu faire Quentin Tarantino à 20 ans en école de cinéma (s’il avait fait une école de cinéma et s’il avait été du genre à bâcler ses projets). Au moins Jeymes Samuel nous a épargné le gros plan sur des pieds sales.
– Ayant terminé deux fois Red Dead Redemption 2, je vous assure que si vous restez à cheval sur la voie ferrée, le train ne s’arrête pas.
Le saviez-vous :
– Les cow-boys noirs étaient assez nombreux et certains d’entre eux étaient très célèbres (dont les personnages du film – Nate Love, Rufus Buck, Bass Reebes, Mary Fields, etc). Le réalisateur a donc décidé de les rassembler dans un film, même s’ils ne se sont en réalité jamais croisés. Une manière de les faire connaître du grand public, quitte à raconter n’importe quoi. Avec ce choix, Jeymes Samuel devient donc un peu le Lorant Deutsch du western.
– Quand on dit qu’il a pris quelques libertés, ça n’est pas une façon de parler. Par exemple, en réalité, Mary Fields était une factrice renommée, la plus rapide à atteler une diligence de 6 chevaux. Le personnage de Cuffee est inspiré par Cathay Williams, une ex-esclave engagée dans l’armée sous une identité masculine. Bill Pickett une star du rodéo. En les présentant avec leurs vraies caractéristiques, on aurait peut-être eu un film plus trépidant.
– Le vrai Nat Love a aussi été employé des chemins de fer parmi les « Pullman porters », un métier exclusivement exercé par des noirs à l’origine du premier syndicat afro-américain. Pour les curieux, il existe un téléfilm sur le sujet qui s’appelle 10 000 black men named George et c’est avec André Braugher (Raymond Holt dans Brooklyn 99), ce qui est une raison suffisante pour s’y intéresser.
Les conditions idéales pour regarder ce film :
Pas avec Quentin Tarantino.
Ce qu’il faut retenir :
Qu’est-ce que c’est cool et stylé les cow-boys.
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