Eternals – par Chloé Zhao – 2021
« Vous êtes restés combien de temps ensemble, avec ton ex ?
– 5000 ans
– Ah. »
Notation :
Darwin : +/-
Trafic d’influence : ++
Sailor Moon : ++++
Fin du monde : ENCORE ?
L’Histoire :
2021. Nous en sommes à la phase 42 et demi de l’univers Marvel. Et pendant que les contrats des acteurs historiques arrivent à leur terme ou à leur renégociation, il importe de préparer la suite.
Cette tâche incombe à Chloé Zhao avec ses tresses, ses baskets et son Oscar. Ici, pas de Thor, mais environ 92 personnages plus ou moins immortels, chacun affublé d’un code-couleur, un super-pouvoir spécifique et associé à une déité de la mythologie (oui, comme dans Sailor Moon). Ces « Éternels » vivent parmi les humains depuis 7000 ans (durée ressentie du film) pour les protéger des « Déviants », créatures dont le seul nom laisse entendre qu’elles ne sont pas trop versées dans le ronronnement et les câlins près du feu.
Quand ces mêmes Déviants réapparaissent des millénaires après avoir été exterminés et sèment le carnage, nos Biomans éparpillés décident de reformer le groupe et de reprendre du service.
850 ans plus tard (en ressenti), ils découvrent deux-trois choses sur leurs propres origines et le sens de leur existence (car ils en ont un, EUX), et le vivent plus ou moins bien car aucun d’entre eux n’a le superpouvoir du doctorat en psychologie.
Les points forts du film
- Clairement, Chloé Zhao est apte à réaliser un blockbuster. Les décors sont souvent naturels, les effets spéciaux plus rares, et ça se voit. Et quand on magnifie de beaux éléments du monde, comme une montagne ou un lever de soleil, on comprend mieux pourquoi ce serait con de détruire la planète. Les couleurs sont plus vives aussi, ça change, c’est cool.
- Le film est présenté comme de la propagande woke par ses détracteurs. Franchement, si un casting Benetton et un bisou entre deux hommes suffisent à faire chier quiconque, et à chatouiller des egos fragiles… Cheh.
- L’un des Éternels vit comme une star en incarnant à lui seul une dynastie entière d’acteurs de Bollywood. Quitte à être immortel, il a trouvé non seulement l’occupation la plus sympa mais aussi la plus crédible.
- Les petits traits d’ironie savoureux, comme le casting d’une actrice réellement sourde pour incarner l’équivalent de Mercure le messager des dieux, ou Kit Harrington tout juste sorti de Game of Thrones qui explique que sa famille a une histoire compliquée. C’est moins méta et exagéré que chez Ryan Reynolds, donc plus rafraîchissant.
Les points faibles du film
- Lancer une nouvelle phase, c’est une chose, mais commencer avec 10 nouveaux personnages pas hyper définis ni développés, et qui en plus donnent presque tous une sensation de déjà vu, c’était ambitieux. Et trop pour un seul film.
- Autant les décors sont beaux, autant les costumes, en particulier les armures des Éternels, sont ratés. Cheap, moches, un peu ridicules, avec une couleur pour chacun, comme les Power Rangers.
- Le propos est bordélique. La longueur du film, les flashbacks dans tous les sens, le nombre de personnages et la difficulté à suivre leurs priorités rend souvent l’histoire confuse, faisant passer Tenet pour un océan de cohérence.
- Honnêtement, même en étant bon public pour les Marvels en général, difficile de ne pas sombrer dans l’ennui quand l’histoire fonce vers un scénario d’apocalypse imminente que les héros doivent empêcher. On sent bien qu’outre les grands espaces, Chloé Zhao aime explorer ce qui rend les humains… Euh « humains ». Dommage que le film ne se concentre pas davantage sur cette question.
Le saviez-vous :
- La naissance des super-êtres grands comme des planètes qui se nourrissent de l’énergie humaine avant de sortir en détruisant leur œuf/utérus spatial n’est pas sans rappeler la scène de la naissance dans Twilight. Démerdez-vous avec cette information.
- Gemma Chan joue ici son deuxième rôle chez Marvel. Avec Awkwafina et Michelle Yeoh dans Shang-Chi, si Marvel absorbe tout le casting de Crazy Rich Asians, ainsi que celui de Game of Thrones, les crossovers futurs risquent de surprendre.
Les conditions idéales pour regarder ce film :
Dans le fauteuil Main de Gaston Lagaffe, en clipsant des Lego pour fabriquer une figurine géante
Ce qu’il faut retenir :
- Il va falloir arrêter de faire n’importe quoi avec les représentations cinématographiques d’Athéna. Ok, les figures mythologiques sont fictionnelles, mais entre la saga Percy Jackson qui lui prête une gamine, et ce film qui la présente en Angelina Jolie blonde et schizophrène avec un diadème de cosplayeuse-Galadriel, tout ça va trop loin.
- Les Éternels jurent qu’ils n’interviennent pas dans les conflits humains, s’en tiennent rigoureusement à leur mission, et n’influencent pas leur prochain. Un plaidoyer qui rappellera à certains les plus belles heures du procès Takkiedine.
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