Indélébiles (Luz)

Notation : 

Faire des blagues : + + + + + + +

Dessiner une bite : + + + + + + 

Dessiner sur une bite :  ? ? ? ? ?

Le terrorisme : – – – – – – – – –

 

« On n’efface jamais vraiment… Il reste toujours des chiures… »

 

Le synopsis : 

Dans cette BD (enfin techniquement on dit « roman graphique », c’est plus classe), le dessinateur Luz revient, entre autres, sur ses années chez Charlie Hebdo, de sa rencontre hasardeuse avec Cabu qui lancera sa carrière jusqu’au drame du 7 janvier 2015, auquel il échappera miraculeusement. 

Profitant d’insomnies causées par le traumatisme de l’attentat, il retrace (le plus souvent assis au bord de son lit, la bite à l’air) les moments importants de sa carrière, les rencontres qui l’ont marquées et confie quelques anecdotes savoureuses sur le journal satirique et les sales gosses qui y travaillaient. 

 

Cabu avait tellement de talent qu’on lui pardonnait tout. Même sa coupe de cheveux. 

 

Points forts : 

  • C’est drôle, c’est émouvant, c’est triste. C’est intéressant aussi, notamment quand il raconte ses reportages en Bosnie, dans un club BDSM ou chez les jeunes du RPR pendant l’élection de 95. Les deux derniers sujets étant au final assez proches quand on y pense. 
  • Difficile de dire s’il existe un « esprit Charlie Hebdo » mais lire cet ouvrage permet en tout cas, s’il existe, de le cerner un peu mieux. En dévoilant les coulisses, en racontant ses camarades dans des moments très simples et anodins, loin des polémiques et des drames, Luz permet de montrer que Charlie, c’était avant tout une bande de potes qui se retrouvaient autour d’une table pour faire des blagues, se foutre de la gueule d’un peu tout le monde et s’engueuler parce qu’il y en a toujours un qui gomme trop fort et fait bouger toute la table.
  • Quelques anecdotes hilarantes, notamment celle où Cabu traine une partie de l’équipe à une séance de nu pour s’entraîner à dessiner les personnages ou encore le récit d’un salon sur lequel Luz, Martin et Berth viennent faire la promo de leur revue Chien Méchant. 
  • Un livre presque intégralement en noir et blanc, ce qui a le mérite de ne pas être stigmatisant pour nos amis daltoniens. 
  • Tout le papier utilisé pour imprimer ce livre ne servira pas à éditer un livre de Plantu.  

 

Points faibles : 

  • C’est difficile d’écrire des trucs drôles. C’est difficile de dessiner, aussi. Personnellement j’ai jamais dépassé le cap de la maison en 2D. Alors quand une personne maitrise tout ça à la fois, il y a de quoi être un peu jaloux. 
  • Sans spoiler, on peut dire que la fin est très belle et qu’elle va vous faire chialer. Mais elle va aussi vous frustrer. C’est volontaire, évidemment (et donc très réussi). Mais putain qu’est-ce que c’est frustrant.
  • On s’attache aux personnages et quand on referme le bouquin, on se rappelle qu’en fait ils sont presque tous morts.
  • Il n’y aura probablement pas de suite. 
  • Aucun tuto pour apprendre à caricaturer Mahomet à l’intérieur. 
  • Pour rester dans la thématique, je compte enchainer cette lecture avec Le Lambeau de Philippe Lançon. Niveau qualité je ne devrais pas être déçu mais niveau ambiance, je cherche un bon psy (les commentaires sont ouverts, merci de votre aide).

 

Au moins à l’Arrière Cuisine on ne risque pas de s’engueuler pour une gomme, vu qu’on écrit à l’ordinateur.
Et qu’on a pas de bureaux, aussi, un peu. 

 

Le saviez-vous : 

  • Cabu est l’être humain le plus gentil et le plus talentueux qui ait vécu sur cette planète. Quand on voit l’admiration que lui porte Luz et le portrait qu’il en fait, on est clairement sur du niveau « N’Golo Kanté ». 
  • Charb avait l’air d’être très (très) drôle, et pas seulement avec un crayon. 
  • C’est Didier Super qui a eu la meilleure réaction après les attentats, en mettant sur Facebook quelques heures plus tard « Ouais ben du coup moi j’arrête d’acheter Charlie, parce que maintenant ça va être vachement moins bien ». 

 

Les conditions idéales pour lire ce livre : 

En étant Charlie. Difficile de ne pas l’être une fois le bouquin refermé en tout cas. 

 

 

Ce qu’il faut en retenir : 

Luz a échappé à l’attentat à cause d’une gueule de bois qui l’a fait arriver en retard. Du coup est-ce qu’on peut se mettre d’accord pour dire que l’alcool est bon pour la santé ?  

 

Si vous avez aimez ce livre, vous aimerez aussi : 

  • Faire des blagues sur les trisomiques. Mais qui font rire les trisomiques, donc ça va. Bon, leurs éducateurs par contre… 
  • Apprendre à dessiner dans votre poche. 
  • Apprendre à dessiner Pierre Arditi. 
  • Apprendre à dessiner tout court.
  • Catharsis, du même auteur, publié quelques mois après les attentats. Moins drôle mais terriblement beau et bouleversant (et toujours avec quelques dessins de bite, rassurez-vous). 
  • Cette compil’ des meilleures unes de Charlie.
  • Cette interview très intéressante de Luz quelques jours après l’attentat ou encore celle là, donnée après la sortie de Catharsis, justement. Avec cette conclusion qui ne nécessite pas de commentaires : « Avant j’avais toujours 1.000 projets, maintenant c’est sans doute monté à 1.300. Un d’eux, c’est mon livre sur la masturbation. C’est marrant, j’ai eu Riad Sattouf au téléphone tout à l’heure et on parlait de branlette. Lui me racontait qu’il regardait son sperme au microscope, il me manque encore des trucs. »

 

<3

 

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