Ciné Club Sandwich – Cold War

Un film de Paweł Pawlikowski (2018)

 

Notation : 

La Pologne a un incroyable talent : + + + +

Pourritures communistes : + + + +

Les histoires d’amour finissent mal en général : + + + + + +

Bonne ambiance : – – – –

 

Le synopsis : 

Quelques années après la fin de la deuxième guerre mondiale, Wiktor, un pianiste et chef d’orchestre (Tomasz Kot) parcourt la Pologne rurale à la recherche de talents à intégrer à son projet de Star Academy. C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance de Zula (Joanna Kulig), une jeune chanteuse à qui Sinclair aurait clairement pu sortir une phrase comme «Techniquement, c’est pas encore parfait mais j’adore ton univers, rendez-vous à Baltard !».

Les mois passent et tout va bien dans le meilleur des mondes puisque les deux jeunes gens sont amoureux et que la nouvelle troupe cartonne en tournée dans tout le pays. Elle marche d’ailleurs tellement bien que les autorités veulent l’exploiter pour en faire un subtil outil de propagande à la gloire du Parti Communiste. Wiktor, qui est plus porté sur la chanson populaire polonaise que sur les égo-trips du camarade Staline, décide de fuir son pays, quitte à mettre en danger son histoire d’amour avec Zula.

S’en suivent quinze ans de séparations, de retrouvailles, de baisers passionnés et de « Je t’aime, moi non plus ».

 

L’important pour faire passer le message, c’est de rester subtil et discret. 

 

Points forts : 

  • Le choix du noir et blanc, la qualité de la photo et les décors donnent un esthétisme superbe au film. On aurait presque envie de visiter la Pologne alors que franchement, la campagne polonaise en sortie de guerre et par -15°, ça devait pas être la recommandation de l’année du côté du Lonely Planet.
  • La musique, qui glisse subtilement de la chanson paillarde polonaise au jazz, en passant par Chopin et Bill Haley, pour finir en apothéose par l’Aria des Variations Goldberg au générique. Mention spéciale aux chants traditionnels qui vous garantiront un dépaysement musical complet, un peu comme quand vous tombez sur les NRJ Music Awards alors que vous avez plus de 17 ans (vous avez cependant plus de chances de vouloir acheter une compil’ de chants polonais que de n’importe quel artiste entendu au NRJ Music Awards). 
  • Ce film prouve que toutes les histoires d’amour ne sont pas forcément à traiter avec le même schéma hollywoodien revu 10 000 fois. Et qu’accessoirement, un film peut encore être de qualité sans durer 2h15 ou être décomposé en trois épisodes qui donneront eux-mêmes deux préquels et cinq spin-offs (même si on ne connait pas les projets de la production sur ce point).
  • L’apparition de Jeanne Balibar, non pas dans le rôle de Barbara, mais dans celui d’une femme qui aurait pu être Barbara au début de sa carrière.
  • Vous allez pouvoir dire « J’ai trouvé le scénario très Shakespearien » pour impressionner vos potes.
  • Trois personnages français dans le film : une poétesse libre et indépendante, un queutard et une serveuse pas vraiment agréable. C’est ça ma France !

 

Points faibles : 

  • La romance est intriguante, fascinante même, mais elle est très peu contextualisée. Le film enchaîne les ellipses spatiales et temporelles et on sait rarement ce qui guide les choix parfois étranges des deux personnages. À partir de là, difficile de faire preuve d’empathie (on aurait même plutôt tendance à les trouver casse-couilles, pour ne pas dire complètement cons). 
  • Un film sur la guerre froide mais sans espions, sans agents doubles, sans écoutes téléphoniques et sans règlements de compte dans des chambres d’hôtel berlinoises est-il vraiment un bon film sur la Guerre Froide ?
  • Les dialogues sont en polonais et votre niveau d’anglais (surtout si vous avez précisé votre score au TOEIC sur votre CV) ne vous permettra donc pas de piquer du nez tranquillement tout en continuant à suivre. La bonne nouvelle c’est qu’il n’y a pas beaucoup de dialogues. La mauvaise c’est que le film ne jouit pas d’un rythme et d’un suspens qui vous tiendront éveillé même si vous n’avez pas dormi depuis deux jours.
  • Les personnages sont polis et vous n’apprendrez donc aucune insulte en polonais.

 

Le Saviez-vous : 

André Manoukian était normalement au casting comme membre du jury lors des auditions au début du film, mais sa réplique adressée à un chanteur polonais (« Tu as réveillé un vieil écho cosmique en moi, je me suis revu devant Fantasia à dix ans ») a finalement été coupée au montage.

 

Elle : « Je me demande s’il pense à nous, à notre futur, à nos enfants… »

Lui : « Hmm, à quel endroit est-ce que j’ai le plus de chance de trouver des Goupix dans cette putain de région… »

 

Les conditions idéales pour regarder ce film :

En bonne forme physique et mentale.

 

Ce qu’il faut en retenir : 

En France comme en Pologne, dans les années 50 comme dans les années 2010, les histoires d’amour sont souvent synonymes d’un paquet d’emmerdes.

 

Si vous avez aimez ce film, vous aimerez aussi : 

La vodka.

Insulter des gauchisses / socialopes / cocos sur les réseaux sociaux.

Faire un bond dans le passé pour acheter un bel appart’ à Paris dans les années 50 et le revendre aujourd’hui pour se faire une belle culbute.

Les Choristes. Ou La La Land. Il y a un peu des deux (oui, c’est possible en cherchant bien).

 

Ce plan vaudra peut-être à son acteur un cancer du poumon, mais il est tellement beau que ça valait le coup.

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