West Side Story de Steven Spielberg – adaptation de la comédie musicale de Leonard Bernstein, Stephen Sondheim et Arthur Laurents.
» Tu n’es pas Portoricain ?
– Non. C’est grave ? «
Notation :
Loubards : +++++
Bagarres : ++++
Amour avec un grand A : ++++
Pauvres : –
L’Histoire :
New-York, West Side, années 50. Deux gangs de jeunes issus de l’immigration, les Jets (Irlandais, Polonais, Italiens) et les Sharks (Portoricains) se bagarrent pour régner sur un quartier pourri à moitié en démolition. Mais c’est LEUR quartier pourri à moitié en démolition. Lors d’un bal où sont présents les deux groupes, Maria (Rachel Zegler), une Shark, sœur du chef Bernardo (David Alvarez) et Tony (Ansel Elgort), un des leaders Jet tout juste sorti de prison, tombent amoureux…
Les points forts de West Side Story
- Déjà ça raconte l’histoire de loubards qui se bagarrent, mais en chantant et en dansant, et ils n’ont même pas l’air cons.
- Mon dieu que c’est bien réalisé ! Et ça change du 125ème épisode Marvel qui ressemble à tous les autres. Plans magnifiques, photographie exceptionnelle, costumes superbes et, surtout, surtout une musicalité divine dans l’enchaînement des mouvements et des plans.
- Spielberg a pris de vrais Latinos pour jouer des rôles latinos, et du coup ils ont le bon accent. Ils parlent beaucoup espagnol (et ça n’est pas sous-titré), et les cours de langue de 4ème nous semblent lointains, mais ça ne gène aucunement la compréhension de l’histoire.
- La musique, évidemment. Les morceaux de Leonard Bernstein à peine revisités nous immergent dans le film et exacerbent nos émotions.
- Le discours social reste très actuel sans même changer une virgule des paroles des chansons (ce qui est un peu déprimant aussi).
- Les chorégraphies, adaptées par Justin Peck sont dingues. On retiendra notamment celle des Jets dans le commissariat qui jonglent avec les éléments de mobiliers, tels des Jacky Chan du ballet.
- Pour un film avec un casting à 99% inconnu, Spielberg ne s’est (presque – voir points faibles) pas raté. Mentions spéciales à Rachel Zegler qui crève l’écran, tout comme Mike Faist, l’interprète de Riff ou encore David Alvarez et Ariana DeBose (Anita) en couple flamboyant et glamour.
Les points faibles du film
- Ansel Elgort a beau bien chanter, il a un charisme d’endive flétrie. Il gâche un peu le film à lui tout seul.
- Si l’histoire d’amour fonctionnait dans les années 60, en 2021 ça marche moyen-moyen. En moins de 24 heures, les protagonistes tombent amoureux, se marient, projette de fuir ensemble… comme le dit si bien la mémé de Tony, « Vous ne voulez pas juste aller boire un café d’abord ? ».
- Il y a trop de longueurs. Si on avait regardé ce film à la télé, malgré toutes ses qualités, il y aurait eu de grandes chances qu’on finisse par zapper.
- Les chansons nous restent dans la tête pendant trois jours. D’ailleurs… « I like to be in America, okay by me in America, everything free in America, For a small fee in Americaaa”. Pas de raison que je souffre seule.
Le saviez-vous :
- Dans West Side Story, Bernardo n’est pas muet.
- Rita Moreno, la « Tante May » de Tony (enfin sa mémé) incarnait Anita dans le film de 1962.
- Tout comme dans Roméo et Juliette, on se demande ce qui aurait pu se passer si Tony et Maria avaient pu vivre leur histoire d’amour. Etant donné qu’ils n’ont discuté en tout et pour tout qu’une petite demi-heure, le plus probable serait qu’après cinq jours de vie commune, ils auraient réalisé qu’ils ne se supportent pas. Maria serait retournée à Porto-Rico, épousant un boulanger et lui pondant huit gosses tandis que Tony aurait sombré dans l’alcool.
Les conditions idéales pour regarder West Side Story :
En claquant des doigts.
Ce qu’il faut retenir :
Avec une meilleure politique d’intégration et des subventions aux associations, les Jets et Sharks, plutôt que de se foutre sur la gueule, auraient fini potes à faire du skate ensemble et fumer des joints devant la MJC local.
Si vous avez aimé West Side Story, vous aimerez aussi :
- Re mater le film de 1962.
- Coucher pour la première fois avec votre amour alors qu’il a assassiné votre frère il y a une demi-heure.
- Traiter les flics de hijo de puta.
- Vous mettre à danse et chanter sans raison dans la rue ou au boulot, pour le plaisir de mettre de la magie dans votre vie.