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J’ai testé : regarder WrestleMania 36 (sans spectateurs)

Vous en avez peut-être entendu parler, c’est ce week-end que se tenait WrestleMania, un grand événement souvent présenté comme le Superbowl du catch. Il devait à l’origine se dérouler dans un stade de 65 000 personnes à Tampa Bay. Pour les raisons que vous imaginez, il a finalement eu lieu au centre d’entraînement de la WWE en Floride, dans une sorte de gymnase vide. Et le résultat était absolument fascinant : à mi-chemin entre une série AB Productions, une VHS dénichée dans un vide-grenier par l’équipe de Nanarland et les meilleurs moments de Twin Peaks.

Préparez-vous un voyage dans la 36e dimension.

 

David Becky Lynch.

D’abord une question : Pourquoi  tu fais ça ?

Regarder du catch quand on a plus de 12 ans est déjà quelque chose d’assez dur à expliquer à son entourage. Alors imaginez donc devoir expliquer que vous allez faire une nuit blanche pour regarder un show de catch qui se tient à huis clos.

Il se trouve que je n’ai pas vraiment de réponse à cette question. Mon psy en aurait certainement une, si j’en avais un. Une autre question que vous vous posez peut-être, c’est pourquoi ce WrestleMania n’a pas été annulé ? Rappelons que le catch est une compétition sportive factrice et que, par essence, son principal but est de divertir un public assez ouvert d’esprit pour venir voir des mecs en slip faire semblant de se battre. Un public avec lequel les compétiteurs interagissent, et même un public sauvage, capable d’influer sur le déroulement des scenarii ou sur le destin de certains personnages. C’est tout l’intérêt du truc : c’est un spectacle vivant. Comme du théâtre, mais avec des baffes, et une audience qui participe activement à la représentation.

Là encore je vais vous décevoir, mais je n’ai pas la réponse non plus. Toute personne saine d’esprit aurait songé à reporter ce WrestleMania à dans quelques mois, histoire d’organiser une belle fête  de fin de confinement. Mais Vince McMahon, le boss de la WWE, est loin d’être une personne saine d’esprit. Pour s’en convaincre, on peut lire les millions d‘anecdotes farfelues qui circulent à son sujet – il y a de quoi faire un biopic légendaire, et d’ailleurs, il pourrait voir le jour bientôt.

 

Vous connaissez aussi Vince McMahon comme une source de GIFs intarissables sur l’internet.

 

En attendant d’en savoir plus sur ce qui a poussé des gens dans des bureaux à prendre une telle décision, je vais donc vous proposer un compte rendu de ce qui s’est passé dans la nuit de samedi à dimanche. Je vais essayer de m’adresser au maximum aux néophytes en évitant d’employer tout le jargon anglophone lié à la discipline (babyface, heel, finisher, heat, roll-up, small package, double cream pie…). En ce qui concerne les matchs, je vous dirai ce que j’en ai pensé mais, comme je me sens un peu mal à l’aise à l’idée de juger des athlètes professionnels, j’ai créé un système de notation basé sur la filmographie de Dwayne The Rock Johnson. En partant d’un principe simple : Doom vaut un 0, Pain & Gain un 10.

 

L’introduction

Traditionnellement, WrestleMania s’ouvre par une performance musicale patriotique où un artiste interprète America the beautiful (vous serez surpris d’apprendre que le catch est plutôt un sport de droite). Cette année, ce n’est bien sûr pas possible. On nous offre donc un petit best-of des artistes qui se sont succédés dans ce rôle depuis la première édition en 1985. Et il y a quand même du beau monde : Ray Charles, Aretha Franklin, Willie Nelson, Little Richard ou John Legend. Je vous rassure, par le passé on a aussi eu le droit à des performances lives de Limpf Bizkit, Flo Rida ou Pibtull, ce qui est sans doute plus proche de l’idée que l’on se fait du catch.

 

La France est aussi représentée avec Christophe à la fin.

 

Après cela, on a le droit à un deuxième clip d’introduction, qui présente les principales affiches et qui lance le ton de la soirée : le surréalisme. Puis place au premier match.

Zack Snyder serait fier.

 

Championnat par équipe féminin : Kabuki Warriors © vs Alexa Bliss & Nikki Cross

La particularité la plus notable d’un match de catch à huis clos c’est que, sans la foule, on entend tout ce qui se passe sur le ring. En l’occurrence, il s’agit de quatre compétitrices féminines qui se mettent sur la gueule en poussant des cris et des râles de douleur pendant 15 minutes. Je rappelle qu’il est 1h du matin, j’opte donc pour des écouteurs, car je sais très bien ce que risque de penser ma copine qui dort dans la pièce d’à côté.

Sur le ring, l’action est assez basique, même si la très rigolote Asuka anime le match en hurlant ce que j’imagine être des insanités en japonais. Bizarrement excitant. Les nippones ont le rôle des vilaines pestes (forcément, ce sont des étrangères) et, au terme d’un combat qu’elles auront majoritairement dominé, elles sont battues par les gentilles et courageuses Alexa Bliss et Niki Cross. C’est un classique, on commence presque toujours WrestleMania par une victoire des bons sur les méchants, pour bien chauffer la foule. Bon.

Note :

Bienvenue dans la jungle. Un divertissement honnête mais sans plus. Un apéritif qui ne donne pas forcément envie de rester éveillé toute la soirée, il va falloir muscler votre jeu les gars.

 

J’espère qu’Asuka proposera des tutos make up pendant le confinement.

 

Baron Corbin vs Elias

Baron Corbin, un mec qui se déplace partout en cosplay cheap de John Snow et une couronne trouvée chez Burger King, fait son entrée dans l’arène. Celui qui prétend être un roi doit affronter Elias, un ménestrel des temps modernes qui joue de la guitare, chante et fait du catch. Là vous vous dites « beau gosse ! » mais je vous calme tout de suite, il est très moyen dans les trois domaines. Corbin se saisit d’un micro et se vante d’avoir gravement blessé son rival il y a quelques jours, en le balançant du haut d’un balcon. Normalement il devrait être en prison, mais le catch est un monde parallèle qui possède sa propre logique, on va pouvoir le vérifier toute la soirée.

Alors que Corbin réclame une victoire par forfait, Elias surgit de nulle part. Il est bien sur pieds, et profite de l’inattention de son adversaire pour lui briser sa guitare sur le dos. Qui n’a jamais rêvé de faire ça à son voisin à dreadlocks qui joue du Tryo toute la journée ? Après ce moment plutôt rigolo, on assiste à un match ordinaire et un brin longuet. Là encore, le gentil triomphe de justesse en grugeant un petit peu, puisqu’il tient  le slip de Corbin pour réaliser le tombé. Ce qui comme chacun le sait, lui donne un avantage considérable.

QUAND LA MUSIQUE SONNE, SONNE SONNE.

 

Note :

Baywatch. Ca dure 1h57, mais en ressenti, on est sur du 2h30. Une blague qui dure un peu trop.

 

Championnat féminin de Raw : Becky Lynch © vs Shayna Baszler

Qui dit catch dit bien souvent ode à la beauferie. Premier exemple de la soirée lorsque la championne féminine Becky Lynch fait son entrée dans un sublime camion de routier. On imagine la jalousie de Jamie et Fred de C’est pas sorcier. Petit bonus, la tête de Becky est représentée sur l’engin, avec ses cheveux figurant des flammes. Quand viendra l’heure de rendre votre dernier soupir, vous vous demanderez : qu’ai-je accompli dans ma vie ? Becky Lynch pourra affirmer fièrement « j’ai eu ma tête sur un camion ».

 

CAMTAR, C’EST MON CAMIOOOOON.

 

Dans ce match, l’Irlandaise affronte Shayna Baszler, une ancienne combattante de MMA qui a une tête à bizuter les meufs dans des douches de prison. Les catcheuses se donnent généreusement avec certains coups qui semblaient bien appuyés pour donner une dose de réalisme supplémentaire (car oui, faire du catch ça fait quand même un peu douloureux, essayez, vous verrez). C’est pas mal, mais le match se termine un peu trop vite et de façon assez anti-dramatique, avec un contre et une victoire à l’arrache de la championne, qui a été bien malmenée par sa challengeuse. On sent que la rivalité va se poursuivre et qu’elles auront d’autres confrontations.

 

Bon ben ok.

 

Note : 

Le Roi Scorpion. Ca passe pour un film du dimanche soir sur NRJ12, mais on espérait bien mieux.

 

Championnat intercontinental : Sami Zayn © vs Daniel Bryan

Voici une affiche bien alléchante entre deux combattants réputés parmi les meilleurs techniciens de la discipline. D’un côté Daniel Bryan, 1m75, vegan, une tête de caissier chez Biocoop, et pourtant tu n’as vraiment pas envie de te retrouver dans une bagarre de rue avec lui. De l’autre Sami Zayn, un Québécois-Syrien roux (ne me demandez pas comment c’est possible) qui ne va pas tellement nous montrer ses capacités physiques cette nuit, puisqu’il incarne depuis quelques semaines un méchant particulièrement froussard. Il va ainsi passer une grande partie du match à courir autour du ring et à se cacher derrière ses copains pour éviter le combat. On se demande donc : mais pourquoi as-tu choisi cette voie professionnelle si tu es apeuré par la confrontation physique ? Encore une fois, la logique du catch.

 

Obi-Wan Kenobi est vénère.

 

Après quelques minutes dignes d’un épisode de Tom & Jerry, Bryan finit par mettre ses mains sur Sami Zayn et décide de le démembrer méthodiquement. Dans ce contexte bien particulier, on voit qui sont les patrons : même sans public et sans 1000 angles de caméra sophistiqués, tout ce que font Bryan et Zayn est si précis que les attaques semblent réelles et douloureuses. On prend du plaisir à voir l’irritant Zayn se faire démonter à coups de grandes gifles de daron, jusqu’à la séquence finale où contre toute attente, le couard réussit à l’emporter grâce à la diversion provoquée par ses sbires en dehors du ring. Là aussi, on sent que ce n’était qu’un épisode de transition et que le season finale aura lieu plus tard.

 

Sami Zayn est logiquement puni pour avoir refusé d’aller chez le coiffeur avant le confinement.

 

Note :

Hercule. Là encore, sur le papier, on avait tout pour voir un excellent match. Au final, on reste un peu sur notre faim. Avec un tel sujet et un tel acteur, il y a tellement mieux à faire.

 

Championnat par équipe : John Morrison © vs Kofi Kingston vs Jimmy Uso

A l’origine, ce match devait opposer trois équipes de deux personnes. Mais il se trouve qu’un des participants du match avait une petite toux, et les officiels de la WWE ont sagement préféré ne prendre aucun risque. On va donc assister à un match de championnat par équipe, sans équipe, puisqu’il s’agira d’un 1 contre 1 contre 1, ou un combat « triple menace » comme on dit. C’est un peu comme si on avait décidé que cette année, la Ligue des champions se déciderait sur un match de ping pong entre Lionel Messi et Neymar.

 

 

L’autre particularité de ce combat, c’est qu’il s’agit d’un match de l’échelle : pour l’emporter il faut décrocher les deux ceintures de champion suspendues au dessus du ring en s’aidant d’une échelle (enfin on dirait plutôt « un escabeau » chez nous, ce qui rend la chose encore plus absurde). Évidemment, l’intérêt de ce type de match réside dans les fameux escabeaux, au service de la créativité des lutteurs, qui vont trouver mille et une façon de les utiliser pour s’envoyer à l’hôpital. Généralement, les matchs de l’échelle sont très spectaculaires et appréciés du public, qui se montre particulièrement vocal pour surligner les prises de risques des lutteurs. Sans foule, c’est très étrange, on a l’impression d’assister à une bagarre générale à Leroy Merlin.

 

Ce mec doit être insupportable tellement il doit se la péter à la piscine tous les étés.

 

Malgré l’incongruité de ce qui se passe à l’écran, on salue la performance des trois hommes qui rivalisent d’ingéniosité et qui sacrifient leur santé pour divertir une salle vide. A la fin du combat, les trois catcheurs attrapent les ceintures simultanément. Au terme d’une lutte à haute altitude, John Morrison tombe en plein sur une échelle, mais emporte les ceintures dans sa chute. Il remporte donc le match alors qu’il est presque mort. Ok, c’était fun.

 

 

Note :

Fast and furious 5. On pensait déjà avoir tout vu, que ce soit en matière de Fast and Furious ou de combats de l’échelle. Et pourtant, la magie opère, ils ont su se montrer suffisamment créatifs pour que les cascades soient spectaculaire et le divertissement au rendez-vous. Mention spéciale pour les acrobaties de John Morrison qui, comme son nom l’indique, est une sorte de sosie de Jim Morrison. Mais avec 18 abdos. Et qui fait du parkour. Comment ne pas aimer le catch, franchement ?

 

Cette prise n’a aucun sens. Mais elle est cool, alors on ne dira rien.

 

Seth Rollins vs Kevin Owens

Pour ce match, on retrouve Seth Rollins, alias Crossfit Jesus, qui arrive dans une magnifique tenue blanche immaculée. Le type se prend pour le Messie et il faut clairement avoir beaucoup foi en soi pour oser porter un pantalon blanc moulant pour un combat de catch. En face, Kevin Owens a mis moins de budget sur sa tenue : le québécois est venu comme à son habitude avec son ensemble short-marcel full Domyos, achetée au Décathlon de Montréal. Kevin, c’est le type à qui on peut s’identifier facilement : il a un physique banal, il est un peu rondouillard et il n’est pas très axé sur la fantaisie, il est simplement là pour casser des bouches.

 

Totalement le look d’un prof de Yoga qui monte une secte et abuse sexuellement ses disciplines.

 

Rollins et Owens sont en rivalité depuis de long mois et ils se détestent. C’est ce qui va rendre ce combat particulièrement jouissif à voir, puisque les deux gars vont passer leur temps à s’insulter et à s’envoyer des vannes. Rollins, qui était un gentil assez fade il y a quelques mois, incarne désormais un parfait fils de pute.. Il fait le show avec son insupportable voix nasillarde et on n’a qu’une seule envie, qu’il se fasse péter la gueule. C’est évidemment ce qui va arriver, lorsque que Kevin Owens décide d’escalader un panneau lumineux géant pour se jeter comme un gros caillou sur son adversaire, étendu sur la table des commentateurs. Encore une fois, un homme a pris le risque de mourir dans un gymnase devant 4 pauvres cameramens. Qu’on soit fan ou non de cette discipline, cela se respecte.

 

 

Note : 

La Momie 2. De l’aventure, de l’action, des punchlines, du fun, un bon méchant, une fin spectaculaire. On est bien évidemment sur du sous-Indiana Jones mais le taf est bien fait.

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Championnat universel : Bill Goldberg © vs Braun Strowman

A l’origine, ce combat devait opposer le champion en titre, LE CHAMPION DE L’UNIVERS, Bill Goldberg, à Roman Reigns. Pour ceux qui ne situent pas, Roman est le poster boy de la WWE : il est beau, il est grand, il est Samoan, il est tatoué. C’est un peu The Rock, avec des beaux cheveux longs. D’ailleurs, c’est son cousin, et ils ont joué ensemble dans le dernier Fast and Furious. Mais tout le monde est cousin aux îles Samoa, c’est un peu le Nord-pas-de-Calais avec des palmiers.

 

Mon hétérosexualité clairement en danger.

 

Hélas, Roman Reigns a pris la décision de ne pas participer à ce match. Pour une très bonne raison, puisque le garçon a guéri d’une leucémie il y a à peine un an. Quand on a un système immunitaire pas au top, aller se frotter à des hommes en slip qui transpirent n’est pas la meilleure des idées ces temps-ci. Roman a donc été remplacé sans aucune explication par Braun Strowman, un ancien champion de compétitions d’homme fort. Mais si vous savez, ces énormes rednecks qui soulèvent des tonneaux et des 4×4 sur l’Equipe 21.

Du fait de sa stature impressionnante, Strowman est assez limité sur le ring. Goldberg, qui n’a jamais été un grand technicien non plus, a 53 ans et commence sérieusement à faire son âge (ce sera un peu le thème de ce Wrestlemania, le grand show des boomers en slip). On assiste donc à un combat assez pauvre. Vous voyez quand jouez à un jeu de combat contre quelqu’un qui n’y connaît rien, et qu’il se contente d’appuyer toujours sur la même touche  de sa manette ? Et bien là c’est pareil, les deux gars utilisent la seule prise qu’ils connaissent, genre 3 ou 4 fois. Strowman finit par prendre le dessus pour décrocher son tout premier titre de champion du monde, et il faut bien avouer que tout le monde s’en fout un peu.

 

Note :  0

Doom. Adapter un jeu vidéo en film est souvent une idée de merde. Là aussi, un match Goldberg vs Strowman était quelque chose que personne n’avait vraiment envie de voir. Scénario bâclé, implication minimale des acteurs. A oublier.

 

AJ Styles vs The Undertaker

Si vous êtes déjà tombé sur du catch sur Canal + pendant les années 90, votre imagination enfantine a probablement été captivée par l’Undertaker, ce type de plus de 2 mètres déguisé en croque-mort, qui bouge comme un mort-vivant et terrifie tous ses adversaires. Mais pourquoi est-ce qu’un fossoyeur sataniste déciderait de se lancer dans une carrière de catcheur ? La logique de la discipline, ne cherchez pas. En 2020, l’Undertaker a 55 ans et ne veut toujours pas quitter les rings, malgré un corps qui grince de partout et un physique déclinant qui le fait de plus en plus ressembler à un sosie foireux de Johnny Hallyday.

 

OPTIC DEUX MIIIIIIIILLE

 

Une star vieillissante qui ne veut pas raccrocher les bottes, un jeune loup (bon, AJ Styles a 42 ans… mais on va dire que c’est jeune pour un catcheur) qui cherche à le pousser à la retraite forcée, c’est un grand classique du catch, et c’est l’histoire que nous raconte ce combat. Mais l’originalité vient de la façon dont il est mis en scène. Pour ce « Boneyard match » (en gros, une bagarre dans un cimetière) la WWE a décidé de nous offrir un véritable court-métrage de plus de 18 minutes. Et, autant le dire tout de suite, on nous emmène en exploration sur le dangereux territoire du nanar.

 

 

Le ton est rapidement donné. AJ Styles fait son entrée dans un corbillard et sort d’un cercueil, hilare, pour mieux narguer son adversaire. L’Undertaker, lui, est en mode serious business, il a laissé tombé les conneries de croque-mort et se ramène chevauchant sa moto sur fond de Metallica. Il arbore un bandana et un air de papa sévère qui va venir vous botter le cul avec un journal plié.

L’action du match est assez difficile à décrire, car il faut le voir pour le croire. Au début, l’Undertaker tabasse AJ. Mais la vapeur s’inverse.  Sortis de nulle-part, des complices d’AJ attaquent le vieil exorciste, aidés de druides encapuchonnés qu’on croirait sorti des Cigares du Pharaon dans Tintin. L’Undertaker, assailli de tous côtés, perd le dessus. Il se prend enfin un parpaing dans la gueule et, à bout de souffle, s’effondre au sol. Après toutes ces années de combats acharnés, il a finalement l’air humain, vieux et faible. Heureusement, alors qu’il semble être sur le point d’être enterré vivant par son adversaire, il parvient à se… téléporter (?) dans le dos de celui-ci.

 

 

Puis il invoque des flammes (?!). Jette son adversaire depuis un toit. Conduit un tracteur (L’Under-tracteur ?). Et finit par enterrer Styles vivant. Ce dernier a même le droit à sa pierre tombale personnalisée, le Taker avait donc pensé à tout ! Dans une période très sombre pour l’humanité, quoi de mieux que de terminer ce show par un décès ? Rassurez-vous, en vrai, Styles n’est pas mort et il réapparaîtra sans doute dans quelques semaines sans aucune explication. La logique du catch.

 

Petit ange des rings parti trop tôt.

 

Que penser de ce spectacle ? Hors contexte, n’importe qui tombant sur cette vidéo se dirait « qu’est-ce que c’est que cette merde ? ». Mais le fan de catch qui suit les aventures de l’Undertaker depuis des années, lui, prendra certainement son pied devant ce qui sera peut-être le dernier baroud d’honneur de son héros, un type qu’on a toujours cru immortel et qui finit, comme tout le monde, par être rattrapé par le temps. Mais le papy, faut pas trop chercher non plus, parce que malgré sa hanche en plastique, il en a encore sous la le pied.

Ce match, c’était un peu Impitoyable de Clint Eastwood, mélangé à un épisode de Walker Texas Ranger, réalisé par un étudiant en école de ciné un peu attardé. C’était kitsch, c’était ridicule, mais c’était sacrément divertissant. C’était du catch.

Note :

GI Joe : Conspiration. Un excellent plaisir coupable. Sans aller jusqu’à affirmer que l’Undertaker possède un bon jeu d’acteur, on ne peut nier qu’il dégage un charisme peu banal. J’aurais presque envie qu’il se lance dans une carrière cinématographique façon Liam Neeson tardif, dans le rôle du grand-père vénère qui casse des clavicules en série.

 

Conclusion

Je ne vais pas mentir, quand je me suis dit « tiens, je vais regarder WrestleMania 36 en direct toute la nuit», je pensais assister à un accident de train au ralenti, terrible et fascinant, et écrire un article rieur qui soulignerait l’absurdité de l’idée d’organiser un tel show à huis clos. Au final, malgré une entame compliquée et une bonne trentaine de minutes pour que le cerveau humain s’habitue à ce qu’il est en train de regarder, le show a rempli sa mission : divertir et coller des sourires sur les visages. Des sourires sincères ou moqueurs, c’est selon, mais par les temps qui courent, ça fait toujours du bien. Pour citer Ian Malcolm, j’ai presque envie de dire au sujet de Vince McMahon : « Il l’a fait. Il a réussi ce vieux dégénéré ! ».

C’est pour vous les haters.

 

Notez que cette année, WrestleMania était organisé en deux parties, et que 8 matchs supplémentaires ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi. Je ne vous ferai pas de compte rendu, déjà parce que j’ai besoin de dormir, et ensuite parce que je suppose que la plupart des lecteurs de ce site n’en ont rien à foutre. Je vous recommande tout de même l’opposition entre John Cena et Bray Wyatt. Il est très difficile de décrire ce qu’il s’est passé dans ce match (?), mais disons que si le LSD soigne le Coronavirus, alors les scénaristes de la WWE peuvent dormir tranquilles.

 

 

Pour finir, si aimez bien le catch ou que vous souhaitez découvrir un peu plus ce monde étrange, voici quelques bonnes adresses :

  • Le site d’info Voxcatch, qui héberge aussi désormais le blog satirique des Cahiers du catch, adoubé par les Cahiers du foot. Des infos, des articles de fonds, des trucs marrants.
  • La chaîne Youtube C’est ça le catch, qui commente et analyse l’actualité de ce sport, souvent avec beaucoup d’humour. Une équipe érudite qui parle de la WWE, mais aussi de ses compagnies rivales aux USA, ou de ce qui se passe ailleurs dans le monde, en France, au Japon ou au Mexique. Plutôt réservé aux connaisseurs.
  • Le sympathique film Fighting with my family, dont on vous avait déjà parlé sur le site. Et bien sûr The Wrestler de Darren Aronofski avec Mickey Rourke, qui avait obtenu plusieurs nominations aux Oscars.
  • Beaucoup moins connu, The Foul King, film sud-coréen sur un gros loser qui quitte son emploi de bureau pour se lancer dans le catch. C’est avec Song Kang-Ho (l’acteur principal de Parasite, que vous avez tous vu normalement) et c’est réalisé par Jee-Woon Kin, qui a signé pas mal d’autres bons films (A Bittersweet Life, I Saw the devil).
  • L’épisode de Strip-Tease Flesh Gordon et les pompiers, qui met donc en scène Flesh Gordon, qui est en quelque sorte notre Hulk Hogan français. Un bien drôle de personnage.
  • Et bien sûr les épisodes de Raw et Smackdown sur AB1, commentés par le duo Christophe Agius – Philippe Chéreau. Soyons honnêtes, la WWE c’est quand même souvent naze, et les commentaires hilarants de ces deux sympathiques personnages rendent souvent le spectacle beaucoup plus tolérable.

2 réflexions au sujet de « J’ai testé : regarder WrestleMania 36 (sans spectateurs) »

  1. Des cheveux longs, un air arrogant et de l’esbroufe, Didier Raoult devrait laisser tomber la médecine et se mettre au catch. Avec LR en sponsor officiel et Estrosi comme manager on peut organiser le combat du siècle: Doc Raoult VS Covid Virus

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