bouton suivre twitter

Tuto — Comment réagir si Pénélope Bagieu vous suit sur Twitter

 

Ce dimanche devait être un dimanche comme les autres. Pire, un dimanche de confinement, cette période où tous les jours sont déjà un peu des dimanche. Mais un événement a tout chamboulé, a rendu ce jour spécial, inoubliable. Pénélope Bagieu m’a suivi sur Twitter.

Au moment où le lecteur lit ces lignes, il peut avoir deux types de réaction. La première, bienveillante : vous lâchez un petit « wow, BG mec », comme une tape sur l’épaule virtuelle. La seconde, c’est « pfff, et alors ? » mais sachez que vous peinez bien à masquer votre jalousie.

Idéalement, j’aurais aimé que Pénélope Bagieu me suive sur Twitter après avoir remarqué la qualité de mon travail. Elle m’aurait envoyé un petit message pour me dire « Wesh, j’ai lu Ciné Club Sandwich, super bouquin, bravo ! » mais de toute évidence Pénélope Bagieu commence rarement ses phrases par « wesh ».

En réalité, Pénélope Bagieu m’a suivi parce que j’ai répondu à un de ses tweets avec un extrait vidéo du film Street Fighter : The Movie. Mais si, vous savez, ce film avec Jean-Claude Van Damme et Raul Julia, adapté d’un célèbre jeu vidéo (d’ailleurs, j’y ai consacré une page dans Ciné Club Sandwich, super bouquin). J’entretiens une passion déviante pour Street Fighter : The Movie depuis 1995, année où je suis allé jusqu’à faire payer mes parents pour aller le voir en salles. Je m’en souviens bien, c’était au cinéma Gaumont Gambetta et, quand on est sorti de la salle, mon père m’a lancé un regard qui semblait dire « depuis que tu es né, je ne t’ai jamais dit je t’aime, et ce n’est clairement pas après ça que ça va changer ». Jusque-là, cette passion pour cet étrange film ne m’avait attiré que des moqueries. Mais si Pénélope Bagieu l’aime aussi, c’est que j’avais raison depuis toujours !

Je réalise que depuis le début de ce texte, j’ai déjà écrit le nom « Pénélope Bagieu » 6 fois et que c’est un peu bizarre. En même temps, je ne peux pas juste l’appeler « Pénélope » et encore moins « Péné » comme si on se connaissait. Nous ne sommes pas non plus intimes, elle me suit juste sur Twitter. Et je sais à quel point ce follow est fragile. Au delà de la satisfaction que cette nouvelle a apporté à mon ego, je suis bien conscient que, désormais, le plus dur commence.

 

On me dit souvent que mes textes sont trop longs, alors voici une image pour aérer.

Plus rien ne sera jamais pareil. Chacun de mes tweet devra être savamment pensé, lu, relu à haute voix, avant d’être posté. Car Pénélope Bagieu a de bonnes chances de le lire et je ne peux pas la décevoir. Vous allez me dire « pourquoi accordes-tu autant d’importance à ce que Pénélope Bagieu pense de toi ? » et clairement, c’est la réaction de quelqu’un qui n’est pas suivi par Pénélope Bagieu. Désolé pour vous. À partir de demain et jusqu’à la fin de ma vie, ma morning routine comptera une nouvelle étape : me rendre sur le profil de Pénélope Bagieu et vérifier qu’elle me suit toujours.

Hors de question désormais de lâcher un petit « fils de pute » sous un tweet de Manuel Valls. Bien sûr ça fait toujours plaisir, et c’est presque systématiquement mérité, mais c’est vulgaire et je ne sais pas si Pénélope Bagieu apprécierait ce type de langage. Elle a l’air d’être une personne très polie et bien élevée, qui dit merci quand quelqu’un lui tient la porte à l’entrée d’un magasin, même si ce quelqu’un est Manuel Valls. Hors de question également de parler de rugby, ce sport qui, dans l’opinion publique, est réservé aux brutes et aux bas du front. Celles-là même qui, dans la cour d’école, terrorisaient les petits timides qui étaient forts en dessin. Pénélope Bagieu est super forte en dessin, elle est forcément solidaire de ses camarades victimes de harcèlement scolaire. Pénélope Bagieu n’aime sûrement pas le rugby.

Une des autres conséquences majeures de ce follow, c’est que j’ai désormais la possibilité d’envoyer un message privé à Pénélope Bagieu. Est-ce que je devrais le faire ? Pour la remercier de m’avoir suivi ? Non, ce serait ridicule. Qu’est-ce qu’il y a de plus nul que de dire à quelqu’un « merci de me suivre » par message privé ? C’est un peu comme si après avoir croisé le regard de quelqu’un dans le métro, tu t’approchais très très près de son visage, pour lui susurrer au creux de l’oreille « merci d’avoir remarqué mon existence ».

Comment réagir, alors ? Un petit « je voulais juste vous dire, j’adore votre travail », simple et classique ? Elle l’entend probablement 1000 fois par jour et ce ne sont pas les gentils mots d’un inconnu qui vont changer le quotidien de quelqu’un qui a sûrement déjà reçu des compliments de la part d’Obama. Une bonne idée, pour sortir du lot, serait donc de faire l’inverse. « Salut Pénélope. Je voulais juste te dire qu’à mon humble avis, Culottées n’est pas si ouf que ça, et je pense que tu ne mérites pas ton Eisner Award. Perso je l’aurais donné au gars qui a fait Batman et les Tortues Ninja. ». À la lecture de ces mots elle se dirait « Wow, quel culot, ce type ! On ne se connaît même pas et il ose venir me dire ça. Ce type n’est pas ordinaire. Il est définitivement spécial. C’est un chien fou. Un renégat. Je vais continuer à le suivre. J’espère juste qu’il n’aime pas le rugby ».

Bon, cette technique est quand même risquée. Ça passe ou ça casse, pourrait-on dire. Peut-être serait-il plus intelligent de jouer la carte du ninja, celle de la discrétion absolue. Rien. À l’école, j’étais toujours le plus calme et silencieux en classe, je faisais un maximum d’effort pour ne pas faire de vagues, tant est si bien que j’avais quasiment réussi à devenir invisible. Un gros point fort pour éviter les interrogations à l’oral. Voilà ce qu’il faut que je fasse : ne pas envoyer de DM à Pénélope Bagieu ! Ne pas la mentionner ! Et même carrément, ne plus tweeter ! Si Pénélope Bagieu ne lit plus jamais un de mes tweets, elle ne pourra pas être déçue, et il ne lui viendra jamais à l’idée de m’unfollower.

Je vous invite donc à aller suivre mon compte secondaire @RiwanDemay. À partir de maintenant, c’est là-bas que je vous tiendrai au courant de mes actualités. Je continuerai également à faire des blagues de temps en temps, et à parler de mes passions, comme le cinéma. Mais pas de Street Fighter : The Movie. Je ne peux pas prendre le risque d’être à nouveau suivi par Pénélope Bagieu.

Une réflexion au sujet de « Tuto — Comment réagir si Pénélope Bagieu vous suit sur Twitter »

  1. « Chacun de mes tweet devra être savamment pensé, lu, relu à haute voix, avant d’être posté. »
    Honnêtement faut penser à rien pour balancer à Pénélope Bagieu un extrait d’un film avec JC VanDamme sur twitter et ça t’a réussi. Alors pourquoi se torturer l’esprit comme ça, elle est aware. Twitte en ayant seulement à l’esprit ces sages paroles de JCVD:
    «  »Y a des gens qui n’ont pas réussi parce qu’ils ne sont pas aware, ils ne sont pas « au courant ». Ils ne sont pas à l’attention de savoir qu’ils existent. Les pauvres, ils savent pas. Il faut réveiller les gens. C’est-à-dire qu’y a des gens qui font leur travail, qui font leurs études, ils ont un diplôme, ils sont au contact tout ça. Tu as un rhume et tu fais toujours « snif ». Faut que tu te mouches. Tu veux un mouchoir ? Alors y a des gens comme ça qui ne sont pas aware. Moi je suis aware tu vois, c’est un exemple, je suis aware. »

Laisser un commentaire