koyaanisqatsi

Fiche film — Koyaanisqatsi

Koyaanisqatsi, de Godfrey Reggio (1982)

Musique de Philip Glass (c’est important)

 

Qu’est-ce que c’est que ce truc ?

«Documentaire », « documentaire expérimental », « documentaire écologique »… on cherche encore une catégorie où le ranger. C’est clairement un film (les images bougent, des fois lentement, des fois super vite), y’a de la musique, et ça fait un certain effet au spectateur (effet qui pourrait bien être recherché par les auteurs). Ça va vous prendre au max 1h27 de votre vie, je serais vous je tenterais le coup !

 

Notation

Bombe A : +
Bombe H : + +
Décollage de fusée : + + + +
Scénario : – –
Dialogues : – – – –

 

Qu’est-ce que ça raconte ?

Ah ouais, carrément, on commence par « qu’est-ce que ça raconte » ?!
Ça va la vie, pas trop dur ? Regardez-le et faites-vous votre idée, je ne vais pas vous tenir la main toute la vie hein !
Bon, sinon, le titre voudrait dire (askip), en langage Hopi : La vie folle, la vie en déséquilibre. Pas très loin du « we are the problem » de ces temps d’épidémie et confinement…
Mais on peut aussi le regarder d’un œil moins baba-cool-transi-par-la-folie-des-hommes, comme un grand spectacle, certes un poil inquiétant, mais qui en met plein les mirettes.

 

Où est Charlie ?

 

Les points forts

 

  • Ça devrait vous mettre quelques images et musiques en tête pour le restant de votre vie…
  •  Le début, le milieu, la FIN !
  •  Dans sa partie centrale, le film utilise abondamment l’accéléré, voire le time-lapse, sur des images de foule, d’usines, de paysages urbains et Philip Glass s’en donne à cœur joie. On a beaucoup vu ça depuis évidement, mais là…
  • Au hasard, vous avez peut-être un souvenir du clip d’Individual choice (1983), de Jean-Luc Ponty. C’est quand même un record du monde de pompage, et on va espérer très fort que ça a été présenté comme un hommage.
    Je mets le lien, mais à éviter de le regarder avant Koyaanisqatsi.
  • Wikipedia m’apprend que le clip de Ray of light de Madonna (1998) peut aussi s’en être inspiré. Visuellement c’est certain, mais musicalement Jean-Luc Ponty était un peu plus raccord. Et le nombril de Madonna qui revient beaucoup dans le clip n’a clairement pas d’équivalent dans Koyaanisqatsi.
  • Un réalisateur, un chef opérateur, un compositeur. Quand on pense au nombre de scénarios mal foutus, d’acteurs peu convaincants, du Barnum à mettre en œuvre pour tourner un film « classique » (sans parler du doublage), on comprend mal que plus de monde ne se jette pas sur le filon.

 

C’est moi que tu appelles Charlie ?

 

Les points faibles

 

  • À l’heure ou le moindre pré-générique de Marvel dure 1h, ou la moindre pub pour yaourt est filmée en 4K, un film de même pas 1h30 dont l’image est souvent granuleuse nécessite un minimum d’ouverture d’esprit.
  • Assez plan-plan aussi au niveau de l’intrigue… quoique… un vrai twist final !

Le saviez-vous ?

 

Il s’agit d’une trilogie, dont (attention blasphème !), les autres volets sont peut-être dispensables :

 

  • Powaqqatsi (1988)

Toujours en hopi, le titre pourrait se traduire par : La vie en transformation, La vie parasitée, au sens des vies exploitées au bénéfice d’autres vies.

Ce 2ème volet donne l’impression d’avoir voulu corriger les effets de fascination pour la technologie qu’on peut ressentir devant Koyaanisqatsi. Du coup c’est mieux expliqué, avec des pancartes « méchants » et « gentils » un poil appuyées.
Effet collatéral, Philip Glass a été tellement content de certaines de ses musiques composées pour ce film qu’il les a recyclées 10 ans plus tard. Attendez-vous donc à voir surgir des flashs de The Truman Show à certains moments du visionnage de Powaqqatsi, et réciproquement.

 

Mais bon, sang, où est Charlie ???

 

  • Naqoyqatsi (2002)

En hopi, toujours, La vie comme une guerre, voire La guerre comme manière de vivre.
Pour le coup on veut clairement vous dégoûter de la technologie et de la façon dont tourne le monde. Certaines performances de vidéo art des années 70 peuvent apparaître en comparaison un peu trop grand public.
C’est donc, d’une manière générale, vraiment vraiment raide.

 

Les conditions idéales pour voir ce film

 

  • Sans enfant qui demandera toutes les 5mn « non mais sans déconner y’a pas d’histoire, pas de dialogue ??? ».
  • Sur grand écran.
  • Sur grand écran, avec l’orchestre de Philip Glass qui joue la musique en direct. En France ça a par exemple été le cas à la Cité de la Musique de Paris en 2005 (j’y étais !) ou plus récemment à la Philharmonie de Paris en décembre 2019 (j’ai passé mon tour pour laisser une personne de plus connaître ça).
    Sur cette page, vous verrez peut-être apparaitre les prochaines programmations. Même si, évidemment, en ce moment c’est compliqué.

 

Ce qu’il faut retenir du film

 

Je n’ai aucune idée de l’impact qu’a eu en 1982 cet ovni sur la réflexion générale sur la folie du monde, mais presque 40 ans après, on peut dire que tout le monde est au courant, et qu’en gros tout le monde s’en fout.
Il n’en reste pas moins que je ne vois pas comment se lasser de la séquence finale. Je serais un acteur à qui on demanderait d’avoir la chair de poule, ça serait mon petit truc perso pour ne jamais me louper.

 

Si vous avez aimé, vous aimerez aussi

 

  • Pas simple… toute la série des Gendarmes de St Tropez, évidemment, mais sinon..?
  • Prendre des échangeurs d’autoroutes à fond les ballons.
  • Voir la lune se lever.
  • Quitter cette époque de confinement pour retrouver avec gourmandise la promiscuité des stations de métro.
  • On peut prendre les choses à l’envers, et voir quel film a tenté de suivre cette voie ardue. Baraka en 2002 a pu être présenté comme le fils spirituel de Koyaanisqatsi, puisque c’est Ron Fricke, le chef opérateur de celui-ci qui en est le réalisateur. La qualité d’image du blu-ray a été soignée, au point d’en devenir une procédure de test sur les forums de matos vidéo, mais… l’image est meilleure c’est certain (et certains plans sont parfaitement copiés) mais sans la musique de Philip Glass et la construction « narrative » de son prédécesseur, on s’ennuie ferme…

Une réflexion au sujet de « Fiche film — Koyaanisqatsi »

  1. Vu à sa sortie à l’Escurial Panorama en 84. Un choc. Séché les cours pour le revoir le lendemain…
    Moi aussi j’étais à la Grande Halle en 2005 avec le Phil Glass Ensemble (les voix étaient sur bande) !
    Long tournage produit par Coppola. Des plans chiadés, des cadrages au petits oignons. Un montage implacable. Déçu par les suites bâclées…
    Je trouve aussi qu’ici la musique de Glass est à son apogée.

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